Vanille de Tahiti, l’univers parfumé d’une plante aromatique

Par Dominique Morvan

Les vallées polynésiennes offrent aux plants de vanille la fraîcheur et l’ombre propices à son épanouissement. Cette orchidée délicate demande aux planteurs des manipulations expertes et une patience infinie. La gousse noire est ensuite affinée par des préparateurs. La récompense de ce long travail est une vanille exceptionnelle. Elle possède des composants aromatiques qui en font la meilleure au monde.

Les plants de vanille sont introduits à Tahiti en 1848, mais il faudra attendre les années 1880 pour que les premières grandes plantations apparaissent. Elles produiront jusqu’à 300 tonnes de gousses séchées par an. Aujourd’hui, la production s’est considérablement réduite, mais sa qualité n’a fait que croître, grâce à un affinage extrêmement maîtrisé. La vanille de Tahiti – Vanilla tahitensis – est un croisement des différentes vanilles importées. Ce métissage, allié  à la richesse du sol des îles volcaniques, explique ses qualités exceptionnelles. La vanille de Tahiti se distingue des autres vanilles par ses arômes ; elle possède dix composants aromatiques contre quatre pour la Bourbon, sa “rivale” de la Réunion et de Madagascar. Grâce à sa rareté (0,5% de la production mondiale) et à sa qualité, la vanille de Tahiti est devenue un produit de luxe, vendue deux fois plus cher dans les épiceries fines que la Bourbon.

Les îles hautes polynésiennes sont idéales pour la cultiver, car elles offrent les conditions climatiques pour son épanouissement : une température variant de 20° à 30° C et une forte humidité ambiante. La vanille est une orchidée liane qui a besoin d’une ombre étudiée, d’un sol riche en humus. A l’état naturel, les vallées polynésiennes offrent aux lianes cette ombre propice, mais les planteurs d’aujourd’hui préfèrent reproduire ces conditions sous ombrières afin de bien maîtriser sa culture. Ils peuvent ainsi veiller à toutes les étapes de sa croissance. Les lianes de vanille sont bouturées au pied de tuteurs qui leur serviront de support. Les premières fleurs n’apparaissent qu’au bout de deux ans de travail patient. La floraison s’étale de juillet à septembre. Commence alors une course contre la montre, car les fleurs d’orchidée n’ouvrent leurs corolles que quelques heures.

Le mariage ne s’effectuant pas de manière naturelle (insectes, oiseaux, etc.), les cultivateurs procèdent eux-mêmes à la fécondation à l’aide d’un bâtonnet en mettant en contact le pollen avec le stigmate. Les fleurs, une fois fécondées, donnent des gousses oblongues vertes. Lorsqu’elles prennent une teinte jaune marron, les gousses sont récoltées et mises à sécher. Une attention de chaque instant est nécessaire, car les averses tropicales peuvent détruire ce patient travail. La préparation de la vanille dure trois mois. Chacun possède des secrets de fabrication, il se dit que des préparateurs massent leurs gousses, une à une, pour répartir dans la longueur l’huile essentielle. Dans toutes les étapes de sa production, la vanille demande des manipulations expertes. Entrons dès à présent par l’image dans l’univers parfumé de ces plantations.

Photographies de Hinarai Rouleau
Textes de Dominique Morvan

Le 5è livre de la collection Univers polynésiens, après « Vallées de Tahiti », « Jardins de Tahiti », « Maisons de Tahiti » et « Marché de Papeete ».
Paru aux Editions UNIVERS POLYNÉSIENS.
Prix conseillé : 2 500 F cfp, en vente dans toutes les librairies et grandes surfaces.