Documentaire : « Ouragan », on entre au coeur du monstre

« Ouragan », en salles mercredi 8 juin dans l’hexagone, n’est « pas un film scientifique, pas un documentaire classique, pédagogique », explique Jacqueline Farmer, qui l’a réalisé avec Cyril Barbançon et Andrew Byatt. « On voulait raconter une histoire ».

Pour la plupart d’entre nous, un ouragan est cette monstruosité météorologique qui détruit tout sur son passage. La télévision nous en donne des images ravageuses : toits arrachés, populations dévastées, décor de fin du monde. Et pourtant, l’ouragan a une histoire, il était même vénéré comme un dieu par les civilisations anciennes. Il a une naissance et une mort, il est le fruit d’une multitude de réactions de mère nature. Dans Ouragan, un documentaire dont la fabrication a duré cinq ans, on entre au cœur du monstre.

Prenez trois réalisateurs, deux biologistes et un photographe, bref trois passionnés d’histoire naturelle – Andy Byatt, Cyril Barbançon et Jacqueline Farmer, qui est aussi la productrice – et donnez-leur les rênes d’un rêve fou : faire un film sur un phénomène invisible : le vent. Défi presque impossible, qu’ils vont pourtant relever en nous faisant vivre de l’intérieur la naissance d’un monstre appelé « ouragan ».

Un récit à la première personne

D’où le choix, sur fond d’images saisissantes en 3D, d’un récit à la première personne, « beaucoup plus prenant qu’un commentaire à la troisième personne plus à distance », ajoute-t-elle. « Il faut cette première personne, sinon le vent, invisible, reste invisible », renchérit Cyril Barbançon. Donc l’ouragan parle, et ses paroles sont glaçantes, parfois lyriques. « J’amène dans mon cortège pluies, tonnerre, vent », avertit-il, « Face à moi l’homme lui-même est microscopique ».
Il menace : « J’avance avec l’indifférence aveugle de la grande moissonneuse », mais se défend de n’être que cela: « Je serais le monstre, si je n’étais la merveille ». Autant de paroles librement inspirées d’un texte de Victor Hugo « La mer et le vent », qui devait figurer dans « Les travailleurs de la mer ».

Du Sénégal aux Caraïbes

D’une simple petite brise dans le Sahara à sa transformation en tempête de sable au Sénégal puis en cyclone au milieu de l’océan, les réalisateurs vont filmer les 18 cyclones qui contribuent à créer Lucy, avec ses vents qui soufflent à 200 km/h et qui plongent les côtes cubaines et américaines dans le chaos. Ils poussent le challenge encore plus loin en tournant tout cela en 3D : caméras lourdes et encombrantes, technologies ultra-avancées au cœur même du phénomène. Cette aventure va durer cinq ans passe par 12 pays avant d’offrir au spectateur un moment de pure extase… terrifiante.

La tâche fut longue et rude

Les équipes de tournage ont affronté le danger pour pénétrer cette puissante machine qui se déchaîne, postées un peu partout le long du chemin qu’emprunte en principe un ouragan pendant trois semaines. Jacqueline Farmer se souvient avoir eu peur plus d’une fois pendant le tournage : « Quand une énorme vague a failli nous emporter dans une rivière d’une petite île des Caraïbes, alors que nous avions toute une équipe de sécurité et même la police autour de nous, les dix secondes pendant lesquelles ces évènements ont été très éprouvants, et on a perdu du matériel… mais on était au cœur de l’action ».

Pas un film catastrophe

Loin des films catastrophes, « Ouragan » se garde de dénombrer les victimes, de chiffrer les dégâts même s’il donne la parole à des habitants qui ont tout perdu, sur fond de maisons détruites, et montre les ravages subis par la nature. « Dans l’ouragan, on voit en priorité un phénomène naturel avec lequel il faut composer, on l’accepte en tant que tel, on ne le voit pas comme un monstre », explique Cyril Barbançon.
Pour réaliser ce documentaire lyrique, dont la musique est signée Yann Tiersen, la logistique a été très compliquée et stressante, racontent les réalisateurs. Il a fallu penser à tout moment comment être efficace tout en assurant la sécurité de chacun –les choses ont d’ailleurs failli plusieurs fois mal tourner. Il a aussi fallu transporter à travers le monde quelque 500 kg de matériel.

Source : France TV


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