Depuis sa plus tendre enfance, Leia a dessiné. Elle ne s’est pas réveillée un matin en se disant qu’elle allait faire de l’illustration. Cela coulait de source.
Elle a été «biberonnée » aux mangas et marquée par les légendes du Pacifique ; elle a lu toutes celles qui traînaient à la maison.
A l’heure où d’autres enfants posent le crayon pour s’adonner à des activités sérieuses, Leia a continué de crayonner, stimulée par l’exemple parental.
Sur les bancs du lycée, elle remplit les marges de ses cahiers, elle gribouille non-stop, imagine des scénarios, met Dragon Ball Z en scène et reproduit celles de son quotidien.
C’est ainsi qu’elle intègre l’école Pivault des arts appliqués à Nantes et se spécialise dans le cinéma d’animation en 2D et 3D. Pour son projet de fin d’année Leia réalise Te Hope Araa no Hina, une interprétation de la légende du cocotier personnalisée. Elle nous emmène dans un univers aux teintes bleutées, celles de l’océan et au graphisme traditionnel : « Je voulais partager MA culture »….
Cette aventure la propulse sur le devant de la scène, Leia et Te Hope Araa no Hina font la une de la presse polynésienne et remportent un véritable succès avec les encouragements du Jury du Festival Courts des Iles.
Depuis Leia travaille sur un nouveau projet dont elle garde le secret : « Je peux juste vous dire que je m’éclate en ce moment… »
Moving Tahiti : Ia ora na Leia, pouvez-vous vous présenter ?
Alors, je m’appelle Leia, comme dans Star Wars. Et oui ! J’ai des parents fan de la princesse-guerrière, de son courage et des valeurs qu’elle défend. Un jour, je leur demanderai si je porte bien mon prénom.
Je mesure plus d’un mètre. Je suis métisse. J’aime la pêche au fusil, les coraux aux couleurs multicolores, les livres, la neige, mes chiens et bien sûr… les dessins animés.
Quel est votre parcours ?
Après l’obtention de mon bac ES, j’ai entamé des études en psychologie et décrocher ma licence. J’ai tenté le master, sans l’obtenir. Par contre, je me passionnais pour l’ethnologie, l’anthropologie… Toutes ces matières qui étudiaient le comportement, la culture et les mœurs des peuples… les contes et légendes du monde… et j’aimais dessiner.
J’ai alors intégré une école d’arts appliquées et me suis spécialisée dans le cinéma d’animation. J’ai ensuite effectué une année en formation professionnelle d’infographie 3D pour compléter mes compétences en 2D.
D’où vous est venue l’idée d’écrire et réaliser « Te Hope Araa no Hina » ?
C’est simple. Petite, je lisais de nombreux contes et légendes du monde, notamment ceux du Pacifique. Et celle qui a marqué mon enfance est la légende du cocotier. C’est pourquoi, je n’ai pas hésité à la raconter lorsque l’occasion m’a été donné de le faire.
Depuis quel âge dessinez-vous ?
Je me souviens des dessins en marge de mes cahiers à la fac lorsque je m’ennuyais, des messages imagés qui se passaient de mains en mains au lycée, de l’émerveillement que j’avais en tentant de recopier les Dragon Ball Z au collège, de cette roulotte accueillant tant de gens et de danseuses sur la feuille de dessin d’une gamine de primaire… (Cette gamine, c’était moi, si vous ne l’aviez pas deviné) Plus loin dans le temps, c’est à mes parents qu’il faudra le demander.
Ce film est-il votre première expérience en tant que réalisatrice et scénariste ? Parlez-nous de cette expérience…
Ma première réalisation d’animation était en groupe. Chaque choix concernant l’avancé du projet devait être accepté par l’ensemble de ses membres. On trouvait des compromis lorsqu’il était difficile de s’accorder, on s’éclatait dans nos tâches, on s’énervait, on se supportait, on riait beaucoup… On vivait, tout simplement. J’étais auteure et co-réalisatrice du projet.
Lorsque j’ai réalisé « Te Hopearaa no Hina », j’ai douté du style graphique à adapter, du scénario à interpréter, du storyboard… J’avais néanmoins une certitude. Je voulais partager MA culture. Et c’est la légende du cocotier qui s’est imposée à mon esprit.
Avez-vous travaillé seule sur ce projet ?
Oui, car tous les choix de réalisation ont été faite par moi.
Et non, car sans voix off ou sans musique, il serait difficile de vivre les images qui défilent. Il y a aussi les bons conseils de mes professeurs, le perfectionnisme de mes collègues de classe, la certitude que mes amis portaient en la réussite du projet, le soutien de ma famille…
Quelles difficultés avez-vous rencontré durant la réalisation de votre film ?
Le manque d’inspiration ? Le trop plein d’idées ? Je dirais que c’est de faire le bon choix à chaque étape de la réalisation. On se retrouve souvent confronté à des situations inattendues (insatisfaction d’un plan, durée du court métrage imposée, choix de la musique, …).
Le tout est de pouvoir s’adapter… (dans les temps) ^^
Combien de temps ce projet vous a-t-il pris ?
Huit mois environ, en jonglant avec les cours et ses exercices, la recherche de stage, la famille, les amis et tous les problèmes qui peuvent en découler… Je tire mon chapeau aux étudiants qui travaillent en parallèle de leurs études et les réussissent.
Quels sont vos goûts en matière d’animation ?
Mes goûts en matière d’animation sont assez variés. J’aime Tarzan, Les cinq légendes, Le géant de fer, Les enfants loups Ame et Yuki, Sword of the stranger, Tout en haut du monde, The song of the sea, Dragon Ball Z, Shingeki no kyojin, The legend of Korra, et bien d’autres encore…
Qu’est ce qui a inspiré le graphisme de « Te Hope Araa no Hina » ?
Pour les décors, je me suis inspirée du tatouage dans le Pacifique, vous l’auriez deviné. Tous ses symboles, toutes ses représentations ont donné forme à l’environnement.
La couleur est venue d’elle même. J’imagine le levé du soleil s’étendant sur la mer jusqu’à son couchant. Les vaguelettes aux teintes bleutées caractérielles. Les « pahu » qui font vibrer nos coeurs. De ses rochers sans âges, marqués par le passage de générations entières.
Le langage corporelle est très présent dans notre culture. C’est pourquoi j’ai choisi d’animer les personnages en ombre chinoise.
Quelles émotions vous procurent vos réalisations ?
- De l’insatisfaction (on veux toujours pouvoir faire mieux)
- Du soulagement (on sait qu’on peut aller jusqu’au bout d’un projet)
- De la joie (les encouragements, le bonheur qui se lie sur le visage des gens qui les voient)
Lesquelles souhaitez-vous susciter chez les spectateurs ?
Je veux faire rêver les gens. Je voudrais qu’il aime la culture du Pacifique, qu’il la (re)connaisse.
Est-ce que les institutions locales soutiennent et accompagnent les projets tels que le vôtre ?
Je n’ai pas vraiment démarcher. L’avenir nous le dira.
« Te Hope Araa No Hina » sera t-il présenté dans les écoles primaires ou secondaires ?
J’ai une amie dans l’enseignement qui a présenté mon film à sa classe de tahitien. Pour le reste, c’est une grande interrogation.
Pouvez-vous nous dire un petit mot sur votre prochaine réalisation, vos futurs projets ?
C’est assez confidentiel pour l’instant. Je peux juste vous dire que je m’éclate en ce moment… ^^
Questions de fin d interview :
Votre film préféré ?
Les quatre filles du docteur March. Oui, je sais. C’est vieillot, mais j’aime les valeurs qui inspirent leurs actions, les relations fraternelles, l’amitié dû aux rencontres… Le sens de la vie.
Votre musique du moment ?
Ain’t no mountain hight enough, de marvin Gaye & Tammi terrell. Pour l’espoir qu’elle donne.
Une citation ?
Que la force soit avec toi !
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