C’est époustouflant de maîtrise. Dans «Birdman», le nouveau film d’Alejandro González Iñárritu, tourné en trente jours, les coutures sont si peu visibles, les coupes si bien dissimulées, qu’on croit voir un plan-séquence de deux heures, dont les longs travellings en caméra subjective ajoutent encore à la virtuosité du réalisateur.
Une virtuosité rendue plus vertigineuse par la mise en abyme du scénario: un ancien superhéros de blockbuster tombé dans l’oubli essaie de renouer avec sa célébrité d’antan sur les planches de Broadway, où il s’apprête à jouer et à mettre en scène une pièce tirée de «Parlez-moi d’amour», de Raymond Carver.
Or cet acteur à qui le personnage ailé et masqué de Birdman a apporté autrefois gloire et fortune est incarné ici par Michael Keaton, 63 ans, alias Batman sous la direction de Tim Burton…
On est à la veille de la générale. On ne quitte pas les coulisses et la scène de ce théâtre où, entre comédie et tragédie, l’ex-Birdman va jouer son va-tout. On ne lâche pas d’un pas, d’un souffle, ce comédien blessé et gonflé de lui-même qui fut adulé à Hollywood et voudrait être admiré à New York. On le sent prêt à mourir pour survivre sous les sunlights.
La tension est au plus haut. L’émotion, aussi. Les critiques et les producteurs en prennent pour leur grade. Et la fin est délirante. Après «Amours chiennes», «21 Grammes» et «Babel», Iñárritu, dont la rigueur n’a d’égale que la folie, n’en finit pas de nous épater et de nous intriguer. Pour preuve, le sous-titre du film, que je vous laisse méditer: «La surprenante vertu de l’ignorance»…
Source : Nouvel Obs
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