John Stember nous aspire à l’Amour

Né à Londres, John Stember est  un photographe professionnel qui a fait carrière à New York durant plus de 30 ans.

John Stember est une vrai signature connue et reconnue dans le monde de la mode. Il travaille  pour les plus grands magasines féminins, cotoit les plus belles femmes du monde et fréquente le très célèbre « Studio 54 », la mecque de toutes les  stars des années 80. Et puis un jour, changer de vie devient une évidence, alors il choisit de visiter le monde d’un voilier. Son carnet de route le mène vers les îles du Pacifique Sud. Il jette l’ancre à Tahiti et décide de rester vivre sur le lagon de Punaauia.

Il reprend sa caméra et photographie les femmes polynésiennes. Ce qu’il préfère chez elle ? Leur nature rebelle et leur caractère bien trempé…

Aujourd’hui, il se consacre au développement de son travail artistique et souhaite plus que tout être reconnu comme tel.

Moving Tahiti : Bonjour John, peux-tu te présenter ?

John Stember : Bonjour, je suis John Stember, photographe professionnel ayant réalisé ma carrière à New York durant plus de 30 ans, après avoir ouvert un premier studio à 19 ans à Londres. Je suis arrivé à Tahiti en janvier 2002, et j’ai jeté l’ancre à Tahiti. J’ai surtout travaillé pour Vogue et Glamour Magazine, mais désormais je me consacre au développement de mon travail artistique, avec la réalisation de mon livre Te Hine Manea et de différents projets depuis.

M.T : Es-tu un autodidacte ? Comment as-tu appris ce métier ?

J.S : En effet, je suis un artiste autodidacte. J’ai commencé ma carrière en tant qu’assistant de John French – premier « vrai » photographe à l’époque en Angleterre. J’ai rencontré à cette occasion la supermodel Jean Shramptom dans les années 1960, qui m’a inspiré à orientée ma carrière vers la photographie.

M.T : Depuis combien de temps fais-tu de la photographie ?

J.S : Ayant commencé à 19 ans, cela fait plus de 50 ans que j’ai un appareil à la main !

M.T : Peux-tu introduire tes débuts dans le monde de la photographie artistique ? Comment as-tu abordé cette passion ?

J.S : Le contact avec des professionnels et des supermodels m’a ouvert à une inspiration artistique autour de la photographie. A l’époque, j’étais très jeune, et c’est réellement le contact à la Beauté qui m’a inspiré et a généré une véritable passion artistique et professionnelle.

M.T : La femme est ton sujet principal, qu’est-ce qui motive cette préférence (au delà du fait qu’elles soient charmantes) ?

J.S : Cela remonte au fait que je suis né prématuré -2,5 mois avant le terme- durant la Seconde Guerre Mondiale en Angleterre. De ce fait, je suis resté sous couveuse sans avoir aucun contact avec ma mère. Par la suite, nous avons développé une véritable relation affective et un lien très fort, ce qui explique ma passion pour les femmes, qui au même titre, sont ma source d’inspiration.

M.T : Comment choisis-tu tes modèles ?

J.S : Je dirais qu’il s’agit plutôt d’une réaction instantanée à leur personnalité et à leur caractère, de même qu’à leur Beauté innée. La Beauté en ce sens représente leur force de caractère, au-delà de leur physique, sans préférence de type, originaire de diverses ethnies. En revanche, j’ai une préférence pour les jeunes femmes, entre 16 et 25 ans : j’aime leur nature rebelle et leur caractère bien trempé !

M.T : Quelle place prend la mise en scène et comment procèdes-tu ?

J.S : Je travaille très rarement en studio, je préfère de loin travailler dans un cadre naturel, où les Humains ont l’habitude de vivre au quotidien, afin de saisir cette essence vitale qui émane de tous les sites où j’ai shooté. Je trouve les studios trop « antiseptiques » à mon goût ! De plus, je préfère la spontanéité des modèles dans un cadre naturel et sauvage, ainsi que l’innocence dans les attitudes. Au final, il y a peu de préparation, je me laisse guider par mon instinct et fait confiance à mes modèles. J’adore capturer les aspects « sauvages » et sincères de leurs expressions.

M.T : Comment choisis-tu tes paysages ?

J.S : Je choisis mes lieux de shooting selon mon inspiration du moment. La lumière est très importante, et intervient comme un fond musical transmettant la profondeur des expressions, qui vient finaliser le cadre du shooting. J’aime les lieux ouverts, les cadrages près tout comme éloignés du modèles. Bref, je suis assez flexible sur ce sujet !

M.T : Quelles émotions essayes-tu de faire passer ?

J.S : Selon les shooting et les situations, le modèle. Les émotions sont exprimées par le modèle, les vêtements, les lieux de shooting. Les émotions sont fortement liées à l’histoire que j’essaie de traduire et de transmettre à travers les photos. Il s’agit avant tout de sensualité, et non pas de sexualité, dû à mon profond respect pour la Femme.

M.T : Peux-tu développer ta définition du « Beau » ?

J.S : La Beauté représente à mon sens la forme la plus profonde d’impacter les consciences, pousse à la créativité et ravive notre sens de l’Amour. Tout est question d’Amour et d’appréciation du Beau. Je pense que tout artiste essaie de présenter une forme de Beauté qui inspire l’Amour, et qu’il y a une forme sensible d’ouverture au Beau.

M.T : Tes sources de satisfaction dans ton travail de photographe ?

J.S : Ma vie est dédiée à l’Amour, donc mon travail est une expression de cet Amour dont je m’alimente et que je tente de communiquer.

M.T : Quelle place tient le matériel dans tes photographies ? Que possèdes-tu ?

J.S : J’utilise un vieil appareil de plus de 12 ans, mais je peux utiliser tout type d’équipement moderne. Toutefois, je préfère rester sur une « valeur sûre » ! Les appareils digitaux restent le meilleur compromis, en termes de facilité, de rapidité et de contrôle.

M.T : Comment choisis tu les lieux ? Quels lieux t’ont laissés les plus fortes impressions ?

J.S : Quelle question… Impossible de donner une réponse définitive ! Mais il est vrai que j’ai une véritable attraction envers les lieux qui ont un aspect « primitif ». Comme le disait Gauguin, « si tu veux découvrir la créativité ou une nouvelle forme de créativité, il faut revenir à l’origine de la Nature et de la Vie », afin de me mettre en immersion au sein de la Nature au plus sauvage de son état. J’aime les lieux peu fréquentés par les Hommes, de sorte à capter cette essence et cette force de la Nature en dehors de tout impact civilisé et moderne.

M.T : Quels lieux te font rêver ? Si dans l’absolu tu pouvais y shooter…

J.S : Je suis particulièrement attiré par les lieux où ont évolué des sociétés primitives et des ethnies autochtones, je suis très curieux à ce sujet. Je suis passionné par les cultures ethniques, qui n’ont pas encore été découvertes –et infectées- par la civilisation. Car il me semble que ces peuples ont une forme d’innocence, et notamment les Femmes issues de ces cultures. La candeur, la « naïveté » me semblent être la forme la plus parfaite de Beauté, loin des implications modernes et matérialistes. Cette simplicité m’inspire et m’attire profondément.

Dans ce sens, je serai enchanté de pouvoir réaliser des photos en Ethiopie et au Brésil, autour de l’Amazone. Les femmes Ethiopiennes me rappellent étrangement les femmes égyptiennes des temps anciens, de même que les femmes Masaï, qui se déplacent avec grâce et qui dégagent une forme extrême de pureté et de respect.

M.T : Quels sont les photographes que tu apprécies, tes références ?

J.S : Selon le type de photos et le thème du sujet.

S’il s’agit de photographies de mode, je dirais Peter Landbergh, pour moi le plus proéminent des photographes modernes en terme de qualité de ses reportages.

Sur les sujets artistiques, je citerais Edward Weston pour les photos de nus artistiques.

De plus, le photographe Robert Capa, spécialisé dans les photographies de guerre.

M.T : Et enfin, quels conseils pourrais-tu donner à quelqu’un qui voudrait réussir ses photos ?

J.S : Il n’y a pas meilleure école en photographie que de prendre des photos ! Le plus de photos nous prenons, meilleur sera le résultat. « Plus l’entraînement est dur, plus facile est la guerre ! » Il s’agit plus de la répétition et de la pratique des photos qui aiguise le talent.

Ce ne sont pas les techniques apprises en école de photographie qui parviennent à révéler le véritable talent d’un individu, mais véritablement la pratique et l’intention du photographe. Au-delà des techniques, il ne faut pas se limiter au goût et connaissances d’un ensemble de professeurs, mais faire confiance à notre propre créativité et inspiration.

Questions de fin d’interview :

M.T : As tu une quête dans la vie ?

J.S : J’aimerais que mon travail artistique soit reconnu comme tel, en dehors de ma carrière de photographe de mode, plus commerciale. Il s’agit effectivement de deux approches très différentes, aussi bien dans la manière de travailler avec le modèle, qu’au niveau des émotions qu’inspirent un travail purement artistique. Sans parler de reconnaissance, j’espère qu’il n’y ait pas d’amalgame entre ces deux approches de la photographie.

M.T : Ton passe temps favori ?

J.S : J’adore l’aventure qu’entraîne ma passion pour la voile, le fait de pouvoir me déplacer à ma guise et ainsi découvrir de nouveaux « paradis oubliés ». L’indépendance et l’autonomie sont primordiales dans ma réflexion artistique quotidienne.

M.T : Ton look de tous les jours ?

J.S : Black and black ; only black !

M.T : Si tu pouvais te réincarner, que choisirais-tu ?

J.S : Je suis pris au dépourvu par cette question ! En vérité, je n’ai pas vraiment étudié la question de la réincarnation – pour le moment. Je préfère rester les pieds sur Terre !

M.T : Quel est l’objet que tu mets dans ton sac tous les jours ?

J.S : Le temps passe et ne me rajeunit pas… Je n’ai d’autre choix que de me déplacer avec mes petites lunettes de vue pliables, indispensables et très pratiques !

M.T : Quelle est la question que nous avons oublié de te poser ?

J.S : Qui suis-je ?

Suivez John Stember ici.


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