Sam Gregg (né en 1990) est un artiste basé à Londres qui travaille sur les documentaires, le son et la photographie portraitiste. Avec un intérêt particulier pour les communautés marginalisées et démunies, le travail de Gregg est à la fois immersif et distant, se réfugiant dans des environnements complexes afin de suivre des récits qui reflètent sa propre culture.
A propos de ‘Neon Dreams’ :
« Au début, j’ai été attiré comme un papillon de nuit par une flamme vers le monde étrange des quartiers chauds et lumineux de Bangkok. Les jeux de pouvoir, les femmes, les hommes, les abus et la manipulations était très complexe, le tout souligné par un contexte politique lié aux structures des classes. J’y ai fait quelques images, mais j’avais l’impression que ma photographie alimentait quelque chose de trop compliqué et de voyeuriste.
« J’ai orienté mon objectif vers l’intimité des gens. Vivant près de la population locale des bidonvilles, j’ai commencé à passer mes week-ends immergé dans leur communauté, me retrouvant régulièrement à regarder des combats de coqs à travers un épais brouillard de gnôle. Construit sur un simple kilomètre carré, le quartier de Klong Toey abrite environ 100.000 personnes. Beaucoup d’habitants viennent du nord-est de la Thaïlande, plus pauvre, séduits par les néons de la ville et le rêve qu’elle renferme. Malheureusement, comme de nombreux habitants n’ont pas les compétences nécessaires pour parvenir à l’ascension sociale, il est extrêmement difficile de rompre le cercle vicieux de la pauvreté. »
« Ce qui m’a tout de suite frappé, c’est l’incroyable paradoxe des bidonvilles. Il y avait un équilibre inconfortable entre l’humour et le charme des résidents et la question du crime et de la violence qui entouraient leur vie quotidienne. J’ai vite appris des histoires qui ont fait la lumière sur la corruption politique qui a entraîné ces conditions de vie terribles. Au fil du temps, ces conversations et ces amitiés mènent naturellement à des photographies qui relatent les expériences des résidents dans le but de combattre la déshumanisation provoquée par le gouvernement thaïlandais. »
« Par le biais de la photographie, j’ai été invité à partager des moments de la vie des gens et j’ai tissé des liens particulièrement forts. Un homme nommé Yap, qui a d’abord attiré mon attention à cause de ses tatouages tapissés et de ses pommettes ciselées, est rapidement devenu un ami proche et un sujet régulier. Son histoire de détention pendant 20 ans pour avoir vendu une minuscule quantité de’Ya ba’ et sa vie après la prison semblaient emblématiques du récit du bidonville. Malgré ses actions passées et ses dépendances actuelles, il a parlé avec franchise, honnêteté et remords. Comme beaucoup d’autres, il avait accepté son sort en tant que victime de la politique sociale et économique de la Thaïlande »
« Photographier les habitants m’a d’abord semblé assez problématique, car je me méfiais de l’influence ou du contrôle que mon statut d’homme blanc britannique aurait pu exercer sur mes sujets. J’ai commencé à me préoccuper de trouver un moyen de les présenter sans être critique et sans en tirer profit. La photographie est devenue une façon de présenter aux gens leur propre image, et souvent la démarche consistait plus à donner aux gens leur photo. J’ai constamment essayé de jouer avec les mots pour inverser le rôle du photographe et du sujet, leur donnant un pouvoir partiel sur l’image en leur permettant de gérer leur propre représentation.Tout au long de cette expérience, je me suis toujours méfié de mon rôle de photographe et de la difficulté à ne pas connaître les frontières entre la vie et le travail.
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