Take Your Pills : Xanax, un documentaire poignant sur Netflix.

Réalisé par Blair Forester et monté par Brian Anton, Russell Greene et Aleks Gezentsvey, Take Your Pills Xanax est diffusé pour la première fois sur Netflix le 30 novembre 2022 avec une durée de 90 minutes.

Le Xanax : un médicament qui a pris une place toute particulière dans la société. Que ce soit la promotion et l’utilisation de ce médicament dans le milieu du hip-hop et dans la société en général, l’histoire du Xanax est chargée d’un lourd passé, et le nouveau documentaire de Netflix, « Take Your Pills : Xanax », éclaire minutieusement ce phénomène.

Les choses commencent par des recherches sur Google. Pourquoi suis-je si anxieux ? », « y a-t-il quelque chose que je puisse prendre ? », « échapper au piège de l’anxiété ».
Dès le début, la question est posée : notre société est-elle plus anxieuse que d’habitude ? Dès le départ, l’accent est mis sur les réseaux sociaux, sur les vies apparemment parfaites et très soignées des influenceurs, qui perturbent un public anxieux.
Grâce aux réseaux sociaux et au flux d’informations en continu, nous sommes bombardés presque constamment par des nouvelles qui génèrent l’insécurité, la peur et la colère. Des événements qui, à toute autre époque, ne seraient probablement pas connus instantanément (une catastrophe dans un pays étranger, par exemple) peuvent soudainement affecter n’importe qui, n’importe où dans le monde. Il s’agit d’un ensemble de facteurs de stress mental particuliers infligés à une toute une génération.

« La solitude est une épidémie. »

Les réseaux sociaux vous rendront anxieux, il n’y a pas moyen d’y échapper.

Selon le documentaire, un Américain sur huit a une prescription d’anxiolytiques. Pour les jeunes générations, le Xanax est omniprésent. Tout le monde connaît quelqu’un qui peut s’en procurer par des moyens conventionnels ou non. Le documentaire explique en détail une crise de panique vue par ceux qui la subissent, comment elle est ressentie et quelles en sont les causes.

« L’anxiété, c’est votre corps qui vous dit que quelque chose ne va pas ».

Tout au long du documentaire, de nombreuses raisons sont attribuées à l’utilisation de cette drogue. Le harcèlement, la pandémie et ses restrictions, le stress de l’école et de la carrière, la parentalité, la ménopause et une prédisposition générale à devenir anxieux.

La consommation a explosé au XXIe siècle. Une augmentation constante de l’utilisation des médicaments contre l’anxiété a été observée au cours des deux dernières décennies. Après les attentats du 11 septembre, on a constaté une hausse de 23 % de l’utilisation du Xanax à New York. Selon de multiples travaux de recherche, environ 3,8 % de la population mondiale, soit environ 284 millions de personnes, souffrent de troubles de l’anxiété.

Le Xanax appartient à une classe de médicaments appelés benzodiazépines et, selon les rapports, plus de 40 % de ses utilisateurs quotidiens en deviennent dépendants à long terme.

Le documentaire n’hésite pas à parler du trop grand nombre de prescriptions, du sevrage et de la dépendance. Bien que certains patients aient été très satisfaits des résultats de la pilule, d’autres se sont retrouvés dans un plus grand désarroi et ne savaient pas comment s’en sortir.

« Avec ce que je sais maintenant, je n’aurais jamais pris cette première ordonnance. C’était la plus grosse erreur de ma vie ».

Il s’agit de « John », dont la surconsommation de Xanax et le sevrage qui s’en est suivi ont entraîné une dépression et une tentative de suicide.

« Si vos problèmes ne vous ont pas fait peur, attendez de trouver les solutions.
Les gens prennent du Xanax beaucoup trop souvent, trop facilement et pendant beaucoup trop longtemps. »

Une grande partie de ce problème et le fait qu’il soit concentré aux États-Unis semblent découler de la loi américaine autorisant la publicité pour les médicaments pharmaceutiques directement auprès des consommateurs potentiels. Ces publicités proposent aux gens de retrouver leur vie et de se libérer de leurs malaises. Cependant, cela semble concerner davantage les générations plus âgées.

Pour les jeunes, il s’agit d’une réalité culturelle totalement différente. Dans les années 2010, le Xanax était la drogue de prédilection de nombreux rappeurs et influenceurs. Aux yeux de beaucoup, il est passé du statut de produit pharmaceutique à celui de drogue récréative.

Certains, notamment le rappeur nommé Lil Xan, ont fondé toute leur personnalité sur leur consommation de drogue. Pour des adolescents influençables, c’est extrêmement dangereux, et le documentaire fait bien la lumière sur ce point. Bien que la culture semble avoir évolué, le Xanax est aujourd’hui largement traité avec méfiance et suspicion. Cela est dû en grande partie à la mort très médiatisée de plusieurs rappeurs et artistes qui avaient pris cette drogue, souvent mélangée à du fentanyl, un produit mortel.

Dans l’ensemble, le documentaire reconnaît avec justesse l’utilité des médicaments pour lutter contre les symptômes physiques, tout en n’ignorant pas qu’ils peuvent créer une dépendance. Cependant, là où le documentaire laisse à désirer, c’est dans sa conception de la santé et de la maladie mentales. L’argent, les affaires nationales et mondiales, les relations et la technologie jouent un rôle important, mais les questions spirituelles aussi.

« Sommes-nous épanouis ? Nos vies ont-elles suffisamment de sens ? Pourquoi dois-je passer un tiers de ma vie dans un travail que je déteste ? Je suis seul, sans amour et sans but. Je n’ai pas de foi, pas d’avenir. »

Le Xanax peut très bien avoir aidé des millions de personnes à gérer leurs symptômes d’anxiété. Il se pourrait bien qu’il ait détruit une vie pour chaque vie qu’il a sauvée. Peut-être que le Xanax n’est qu’une solution miracle. Un pansement que l’on utilise pour faire face à la réaction naturelle et normale d’une personne au monde moderne, qui avance à la vitesse de la lumière, dans lequel tout le monde est exposé, observé au microscope, et dont un faux pas ou un mot mal placé peut entraîner une catastrophe sociale.

Ce documentaire est intéressant et bien produit ; le montage est précis et l’expertise réfléchie. Les témoignages sont personnels, poignants et les témoins attachants.


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