Nanihi SACAULT : Entrez dans la danse, voyez comme elle danse !

Gala conservatoire 06-2015

Nanihi danse depuis qu’elle est haute comme trois pommes, on pourrait presque dire qu’elle a su danser avant de savoir marcher… Et depuis elle a remporté des concours et passé les examens du conservatoire avec brio.

La danse a depuis toujours été au cœur de sa quête, le fil qui l’a conduit et inspirée pour vivre, apprendre, s’exprimer et partager.

Nanihi vit au rythme des tari parau,  to’ere, pahu et fa’atete, percussions qu’elle perçoit comme le battement de cœur de tout un peuple, et porteuses de messages qui la ramènent à ses racines.

 Ressentant intimement que la danse pouvait être salvatrice pour sa culture, elle s’est consacrée à la recherche du mouvement authentique et à la création. La rencontre avec différents enseignements l’amène à développer et sauvegarder sa culture.

Aujourd’hui elle partage avec nous sa passion et nous raconte son parcours.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Nanihi SACAULT, j’ai 25 ans, je travaille dans un cabinet d’expertise comptable et je suis cogérante avec mon « tane » d’une société d’excursion touristique à Bora-Bora « MANAVAI JET BOAT ». J’ai récemment eu mon diplôme d’étude traditionnelles au conservatoire artistique de la Polynésie Française.

Comment as-tu intégré le monde de la danse ? qu’est ce qui t’a donné l’envie d’être danseuse ?

Quand j’avais 3 ans ma grande sœur dansait déjà au conservatoire avec Vanina EHU et mamie Louise KIMITETE. J’aimais aller les voir, danser en même temps et faire comme les grandes. Ensuite quand j’eu l’âge autorisée pour m’inscrire au conservatoire, j’ai tout de suite demandé à mes parents de m’inscrire. Puis la danse tahitienne est devenue très vite une passion.

Quelle formation as-tu suivi ?

J’ai tout d’abord commencé au conservatoire, puis quelques années après j’ai dansé à l’école de danse de Yasmina LEPEANG, puis à Vital California ensuite avec Makau Foster et enfin je suis retournée à la source, c’est-à-dire au conservatoire artistique de la Polynésie Française pour finir mon cursus et obtenir ce diplôme.

Pour obtenir ce diplôme, il faut passer 5 niveaux en danse. Ce qui est intéressant, c’est que tu n’es pas seulement jugée sur la danse, mais tu es également jugée sur 3 autres options*, comme la culture polynésienne enseignée pour ma part, par Manouche LEHARTEL (conseillère technique auprès du ministre de la culture). C’est un cours important, qui je pense devrait être intégré dans les écoles (si ce n’est déjà fait), car il est important de connaître notre histoire, d’où l’on vient, comment vivait nos ancêtres… Ensuite, j’ai été jugée sur la chorégraphie, c’est-à-dire la façon dont tu enseignes la danse aux élèves plus jeunes du conservatoire et enfin le chant traditionnel (himene tarava).

* Options possibles ou obligatoires : culture polynésienne, percussion, ukulele, guitare traditionnelle, orero, chant tarava et chorégraphie.

Combien d’heures d’entrainement as-tu fait chaque semaine ? Comment se sont déroulés tes entrainements ?

On peut compter environ 10h d’entrainement par semaine. Tous les lundi, mercredi et vendredi je m’entrainais au conservatoire, en comptant les cours avec Vaekehakeiki URIMA (Moon), Hinavai RAVEINO, Vanina EHU et Moana’ura TEHEI’URA, puis les cours où j’aide le professeur de danse à enseigner. L’enseignement de la danse est très formateur, car tu prends le temps de revoir tes bases et tu te surpasses pour montrer le bon exemple aux élèves. Après le travail, je me consacre exclusivement à la danse, car si ce n’est pas au conservatoire, je répète pour le Heiva ou pour le Hura Tapairu ou autre projet de danse.

Quels sont les sacrifices que tu as dû faire pour obtenir ton Brevet d’étude traditionnel avec succès ?

Ce sont plusieurs années de travail au conservatoire afin de gravir tous les niveaux en danses, en chorégraphie…  Il faut y consacrer beaucoup de temps et donc moins de temps en famille. C’est beaucoup de recherche personnelle surtout pour le thème afin de bien l’interpréter.

Mais les sacrifices sont minimes lorsque tu as le soutien de ton entourage et de ta famille. Ce qui a été mon cas.

Quel est l’instrument traditionnel que tu pratiques et quel est celui qui te procure le plus d’émotion ?

J’ai suivi quelque cours de percussion et de ukulele au conservatoire, mais je n’en pratique pas vraiment. L’instrument qui me donne le plus d’émotion est le « tari parau » qui signifie « porteur de message ». Pour moi, c’est cet instrument qui donne le rythme et la puissance de la musique.

Quel est ton pas de danse préféré et pourquoi ? Qu’est-ce qu’il évoque comme message ou émotion pour toi?

Mon pas de danse préféré est le nu’u tifene, car c’est un beau pas de danse assez difficile à exécuter sans entrainement. C’est un pas de danse qui se fait accroupi donc vers le bas qui rappelle la terre, notre terre, nos racines.

Penses-tu qu’il soit important de bien connaitre notre histoire et notre culture pour interpréter une chorégraphie ?

Je pense qu’il est important de bien connaître le thème et s’en imprégner pour interpréter une chorégraphie, car la danse est un moyen de faire passer un message et/ou de raconter une histoire

Penses-tu que l’acquisition du mouvement, du rythme et de la gestuelle est innée ?

Quand je vois certaines petites bouger, je me dis que l’acquisition du mouvement, du rythme et de la gestuelle est innée. Mais arrivé à un certain niveau il n’y a pas de secret, il faut s’entrainer.

Les exigences sont-elles différentes pour un danseur et une danseuse ?

Chacun a sa spécificité, je pense que c’est aussi difficile pour une danseuse que pour un danseur. Mais il est vrai que les danseurs sont souvent moins nombreux et ont donc moins de concurrence.

Comment tes professeurs t-ont-ils transmis l’amour de la danse ?

Pour me transmettre l’amour de la danse, mes professeurs m’ont appris à ressentir ma danse.

De quoi est fait le quotidien d’une danseuse ?

Je pense que le quotidien d’une danseuse n’est pas très différent d’une personne qui ne danse pas, à part peut-être qu’au lieu de rentrer à la maison après le travail, tu vas souvent aux répétitions de danse. C’est pour cela qu’il faut être dans un groupe où tu te sens bien, car elle devient comme ta deuxième famille.

Pratiques-tu d’autres sports ?

Parfois je fais de la randonnée pour le plaisir, ça me permet de m’évader autrement, de respirer l’air frais de la montagne et de la nature.

Quel est le secret nutritionnel d’une danseuse pour allier force physique et minceur ?

Je n’ai pas vraiment de secret nutritionnel à part manger saint, équilibré et varié comme on nous le dit depuis nous sommes petits. Mais il est important de prendre des vitamines pour rester en forme et concentrée aux répétitions et surtout pour ne pas être malade.

Préfères-tu la façon académique de pratiquer le « Ori Tahiti » ou penses-tu qu’il est possible   d’innover, de moderniser cette discipline ?

Je pense qu’il est important d’innover mais dans une certaine limite. Il ne faut surtout pas oublier la base, la source de notre culture et garder une certaine authenticité.

Quels sont tes projets d’avenir ?

Il y a tellement d’école de danse qui se sont ouvertes en si peu de temps que je ne souhaite pas ouvrir une école de danse pour le moment. Je pense proposer mes services ou faire des stages ou encore des workshops. Je souhaite encore évoluer et voir d’autres choses. Je viens d’ailleurs d’intégrer la base du groupe Hei Tahiti (dirigé par Tiare TROMPETTE), qui je pense me permettra d’acquérir des expériences très enrichissante.

Questions de fin d’interview :

Que mets-tu en priorité dans ton sac ?

Mon téléphone portable.

Si tu devais te réincarner, que choisirais-tu ?

Si je devais me réincarner je choisirais la baleine, parce qu’elle est gracieuse, puissante, forte, belle et généreuse.

Une couleur ?

Le rouge, pour la passion.

 


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