Luttons tous contre le harcèlement scolaire

school bullying

Le harcèlement scolaire, c’est quoi ?

Le harcèlement peut être défini comme « une violence à long terme physique ou psychologique perpétrée par un ou plusieurs agresseurs à l’encontre d’un individu qui est dans l’incapacité de se défendre dans ce contexte précis » (Roland &. Munthe,1989).

Ses caractéristiques :

  • Répétition : Il s’agit d’une agression à long terme, à caractère répétitif.
  • Disproportion des forces : Il a lieu dans le cadre d’une relation dominant/dominé, la victime ayant des difficultés à se défendre
  • Intention de nuire : L’agresseur a l’intention délibérée de nuire même si la plupart du temps il prétextera qu’il s’agit simplement d’un jeu.

Il peut prendre des formes diverses :

  • Des moqueries
  • L’attribution d’un surnom
  • Des rumeurs
  • Une façon d’isoler une personne du groupe
  • Des insultes
  • Des menaces
  • Ou même des coups

Les conséquences du harcèlement

Conséquences pour la victime :

  • Perte de l’estime de soi
  • Perte du goût au travail
  •  Baisse des résultats scolaires
  •  Développement de diverses stratégies d’évitement de ses agresseurs

Conséquences pour la communauté scolaire; le harcèlement  enseigne :

  •  La loi du plus fort
  •  La loi du silence
  •  La non assistance à personne en danger

C’est l’exact contraire d’une éducation à la citoyenneté.

Entretien avec la pédopsychiatre, Nicole Catheline

Le harcèlement, à l’heure des nouvelles technologies, est-il différent de ce qu’il était autrefois ?

Il est vrai que, de nos jours, aux traditionnelles insultes, moqueries, vexations, se sont ajoutées des pratiques qui utilisent les nouveaux moyens de communication : téléphone mobile, Internet. Les textos, chats, forums, dialogues sur les réseaux sociaux peuvent servir à divulguer des textes, des images prenant pour cibles des camarades de classe, avec des effets dévastateurs. Nous ne sommes pas démunis dans ce domaine. Les autres pays confrontés au cyberbullying ont imaginé des parades pour réguler, moraliser les réseaux. On peut coopérer avec les serveurs de téléphonie mobile, mais aussi avec les opérateurs des réseaux sociaux. Il faut certes rappeler la loi, qui interdit par exemple de faire circuler des injures ou des propos racistes. Mais ce n’est pas suffisant. Tous les adultes, parents, chefs d’établissement, éducateurs doivent non seulement se renseigner sur le fonctionnement d’Internet, sans crainte d’être impuissants, mais aussi éduquer les jeunes, les responsabiliser. L’institution de la discipline du B2i entraînera des questions lors de l’examen et permettra d’exercer un rôle pédagogique pour atténuer les effets pervers des nouvelle technologies.

Comment définir le harcèlement ? Peut-on dire qu’il se déroule à bas bruit, car les victimes n’osent pas s’en plaindre ?

La meilleure définition demeure celle de Dan Olweus3 qui, dans les années 1970, avait défini le harcèlement comme une situation avec une intentionnalité agressive qui induit une relation dominant/dominé et qui se répète régulièrement, mais non quotidiennement. Cette définition est toujours pertinente, quelle que soit la forme que prend cette attitude et l’âge des protagonistes. Certes, les petits ont davantage recours à leurs poings qu’aux mots, les grands utilisant davantage le verbal, les rumeurs. Les garçons privilégient l’affrontement physique alors que les filles font courir des bruits… Ce harcèlement est souvent le fait d’un ancien camarade ; cela rend les choses plus difficiles à dire et à s’avouer à soi-même. Il faut des mois pour révéler à l’extérieur ce type de brimade. L’enfant victime tarde à considérer comme un drame ce qu’il vit à longueur de semaines. Il se culpabilise, craint des représailles, des reproches, et cherche à se débrouiller seul, de peur de passer pour un faible. Cette tolérance valide l’agresseur dans son comportement. Le silence du harcelé le conforte dans la conviction que ce dernier n’est qu’une mauviette. Il s’agit en effet souvent d’une souffrance à bas bruit.

Vous décrivez le harcèlement comme une dynamique qui met en scène trois personnages : le harceleur (un ou multiple), le harcelé et les spectateurs. Vous considérez à égalité harcelé et harceleur, fragiles et vulnérables. Existe-t-il un « profil » qui les prédisposerait à ces attitudes ?

Oui, le harceleur et le harcelé présentent la même vulnérabilité, ils souffrent tous les deux de difficultés relationnelles. Le harceleur cherche à combler son vide intérieur en se montrant le plus fort, en imposant sa loi. Le harcelé tente d’éviter les coups, il a peur. Mais il ne faut pas opposer les deux dans une approche manichéenne : le bon qui mérite une attention et des soins et le mauvais qui relève de la justice. En fait, deux personnalités fragiles interagissent dans des lieux et dans un contexte donné. C’est dans les toilettes, les couloirs, les bus scolaires, les recoins de cour de récré, tous les lieux où les enfants sont en groupe sans régulation des adultes, que se produit le harcèlement. Il n’y a plus de jeux collectifs et les sorties d’école sont aussi des moments à risque. Les comités d’éducation à la santé et à la citoyenneté créés en 1998, visant à nouer des partenariats école et collectivité locale, n’ont pas atteint leurs buts. Au sein des établissements, il est clair que la stabilité des équipes, la personnalité du chef d’établissement, le « climat » jouent un rôle essentiel. Les conflits entre enseignants, leur manque de disponibilité, la non-prise en compte de la spécificité du quartier nuisent à la confiance.

Il y a des enfants qui ne seront jamais harcelés. Pourquoi ?

Les fragilités d’un enfant sont perceptibles par les autres ; certains allument inconsciemment un signal d’excitation. Le moindre prétexte sera l’étincelle : nom de famille, différence physique, trop bons résultats scolaires, compliment d’un enseignant, stabilité familiale qui rend jaloux… tout peut déclencher une situation de harcèlement. Certains enfants savent répondre naturellement et instinctivement et désamorcent en quelque sorte le conflit. C’est pour cela que les parents ne doivent pas dire à leur enfant harcelé « défends-toi ! », car tout porte à penser que la défense « forcée » sera inadéquate, voire ridicule et ne fera qu’aggraver les choses. Les enfants qui ne sont pas harcelés savent décoder un message et réagir comme il convient. Il se passe la même chose pour les enseignants risquant d’être chahutés. Pour ne pas être malmené, il faut être libre d’esprit, ne pas avoir peur, ne pas être un handicapé de la relation. Or, les enfants harcelés éprouvent de grandes difficultés à être en relation avec les autres. Pour nous thérapeutes, s’il est facile d’aider à dénouer les conflits, il est très malaisé de « remplir » quelqu’un qui est « vide ». C’est pour cela que l’aide psychologique ne suffit pas, il faut aussi des lieux d’écoute, des méthodes éducatives qui renforcent l’estime de soi et la résistance.

Propos recueillis par Colette Barroux-Chabanol.

Que faire en tant que parents si son enfant est harcelé par ses camarades ?

La bonne attitude des parents vis-à-vis de l’école :

« Les parents vont devoir faire preuve de patience et de diplomatie car le corps enseignant a souvent un peu de mal à admettre qu’il n’a rien vu. Certains instituteurs pensent encore que ces vexations n’ont rien de grave, qu’elles font partie de l’école de la vie, de l’expérience de l’enfance… C’est pourquoi il est préférable d’aller en parler avec le directeur (trice) de l’établissement », remarque le Dr Nicole Catheline.

On peut aussi s’adresser aux associations de parents d’élèves. A eux ensuite de prendre contact avec les enseignants pour les informer de l’existence du problème.

« En revanche, pas question d’aller régler ses problèmes directement avec le petit harceleur ou ses parents. Il faut toujours en appeler à un tiers comme dans toute justice », rappelle notre intervenante.

La bonne attitude des parents vis-à-vis de leur enfant persécuté

Ne pas s’apitoyer sur son sort mais le rassurer en le valorisant. Il doit être félicité d’avoir eu le courage d’en parler. « On doit lui expliquer qu’il y a une solution. Pour cela, il faut réfléchir ensemble afin de comprendre pourquoi les choses en sont arrivées là. Pas question de le culpabiliser mais lui expliquer que, pour gagner sa liberté, il doit se sortir de ce piège et peut-être changer d’attitude ou éviter d’endosser ce rôle de victime », suggère le médecin.

On peut lui proposer d’inviter des amis à la maison, de l’inscrire à un sport, à un mouvement de jeunes (scoutisme par exemple). A plusieurs on est moins vulnérable que tout seul. Si l’enfant refuse, aux parents d’imposer leur décision car il n’est pas question de le laisser dans cet état qui peut dégénérer.

Sources :


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