Le talent de mes amis : Une comédie de la bonne humeur

Le talent de mes amis aligne les sketchs drôles, avec un goût assumé pour le ringard et le beauf.

Alex et Jeff, collègues de bureau dans une multinationale, sont aussi les meilleurs amis du monde depuis le lycée. Avec leurs femmes respectives, ils forment ensemble presque une famille, qui se fraye un chemin dans la vie, tranquillement, doucement, sans grande ambition. Pourtant l’arrivée de Thibaut, conférencier et spécialiste en développement personnel, ne va pas tarder à mettre à mal leur équilibre pépère. Et pour cause, Thibaut est un ami d’enfance d’Alex. À l’époque, ces deux-là, super complexés et toujours mis à l’écart dans la cour d’école, s’étaient promis de réussir leur vie, coûte que coûte. Aujourd’hui, le beau et brillant Thibaut semble pour sa part avoir tenu sa promesse et pousse Alex à réaliser ses rêves au risque de perdre l’amitié de Jeff… Mais sommes-nous tous voués à un destin exceptionnel ?

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Pour sa première réalisation, co-écrite avec les deux interprètes masculins principaux du film, Tom Dingler et Bruno Sanches, Alex Lutz anime l’univers viril de la comédie de potes. Forcément, elle n’est pas stressée du dialogue et aime enfiler les gags un peu gras. Pas trop tout de même, la trame de fond étant la crise de la quarantaine qui foudroie le personnage principal (Alex), que Lutz incarne, à 35 ans…

Alex est donc un employé transparent dans une grande boîte castratrice ; sa vie n’emporte pas le succès escompté, même si il la partage avec la même femme depuis 14 ans, et qu’il est plutôt servi en amitié, par la fidélité d’un poto lourdingue, beauf au possible, qui l’accompagne au quotidien jusqu’au boulot, puisqu’ils bossent en binôme.

Son existence est toute tracée pour l’anonymat, et ce goût désespérant pour une certaine fadeur (apparente), celle du travailleur qui emprunte chaque jour le même bus au milieu de cols blancs tous aussi aseptisés. Son train train est un jour tourneboulé par la réapparition d’un ancien meilleur pote du collège, sous la forme d’un coach dont la spécialité est de booster les rêves secrets des quadras un peu paumés, égarés dans une vie professionnelle choisie par défaut. L’heure de la rébellion a-t-elle sonné ? D’une certaine façon, oui, puisque l’essentiel du film portera sur les remises en question conjugale, sociale et professionnelle qui doivent autant attendrir le spectateur qu’à servir la dynamique comique.
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Dans tout cela, on n’y verra pas forcément la critique d’un milieu qui est inaccessible au film, cette crise existentielle porte en elle tous les clichés inhérents à ce type de questionnement. Le stéréotype, notamment dans tout ce qui constitue le monde de l’entreprise et l’adulescence, n’invite jamais le spectateur à dépasser les frontières du divertissement sans prétention. Il a ses limites qu’incarne parfaitement Sylvie Testud, en directrice de département rigide, engoncée dans une représentation figée de l’entreprise et des relations humaines. Pour incarner les aigreurs personnelles à l’égard de cet environnement, on aurait souhaiter moins de facilité, mais là encore quelques gags furieux viennent dynamiser le lieu commun qui sert de cadre à la vie professionnelle d’Alex (la scène de la fléchette dans le front de la boss, lancée par accident, par exemple).

C’est dans les relations humaines entre potes que le film de Lutz réussit davantage son pari. L’imbécillité assumée de son histoire d’amitié avec son ami joué par Bruno Sanches, est sans équivoque : elle se vautre dans le beauf. Lutz ne s’en cache pas et affiche son goût pour la simplicité. Son personnage est aussi amateur de karaoké (ring-ard 1), aspirant par ailleurs à participer à des émissions comme The voice (ring-ard 2), et finit DJ en province (ring-ard 3). Mais qu’importe puisque avec son ami retrouvé (Tom Dingler, impeccable) et son éternel copain de boulot, il parvient à rendre crédibles ses amitiés viriles qui donnent toute la matière au film. Aussi fatigants soient-ils, ces trois compères un peu losers sur les bords n’en demeurent pas moins attachants et sincères.

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Au final, Alex Lutz ne subvertit jamais les règles de la comédie entre potes, il se complaît dans l’humour un peu beauf, mais l’assume avec une franchise de ton bienvenue et concluante que l’on pourrait résumer par la scène d’ouverture, où il apparaît dévêtu et pas forcément à son avantage. « Et alors », semblerait-il nous dire. Exactement, et alors.

Source : avoiralire


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