Manager, les bonnes raisons de pratiquer la gentillesse au bureau

Le terme gentillesse a été tellement mis à mal qu’on n’ose presque plus l’utiliser et ceux qui la prônent utilisent de plus en plus celui de bienveillance, moins connoté. Et c’est peut-être aussi bien, si celle-ci permet d’aborder le même concept sans association cucul-la-praline ou méprisante. Car bizarrement, l’être humain en général et le travailleur en particulier sont beaucoup plus sympathiques qu’on ne le pense et qu’eux-mêmes le pensent. Et aspirent à beaucoup plus de sympathie qu’on ne l’imagine. Alors qu’on l’appelle gentillesse ou bienveillance importe peu, la seule chose qui compte, c’est que chacun y trouve son compte.

 Nous avons déjà abordé la gentillesse à plusieurs reprises, comme comportement à réhabiliter au travail et pas que, pour définir ce qu’est la vraie gentillesse, c’est à dire une forme de noblesse d’âme, par opposition au quémandage de miettes d’amour ou de reconnaissance, ou aux comportements amenés par pure manipulation.

Fini le temps où, pour encadrer leur équipe et faire carrière, les managers devaient se montrer odieux et intransigeants avec leurs collaborateurs. Voici au contraire 5 bonnes raisons d’être gentil au travail.

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Être gentil, c’est être un meilleur manager

Avez-vous remarqué que ceux qui hurlent le plus fort au travail sont peut-être ceux que l’on craint le plus, mais certainement pas les premiers que l’on respecte ? Un bon manager, ce n’est pas celui qui fait régner la terreur dans son équipe pour atteindre les objectifs fixés.

Au contraire, un bon manager est celui qui, sans méchanceté ni violence, encadre et motive les membres de son équipe. Et de fait, instaure plus d’humanité dans les relations de travail.

Et rassurez-vous, ce n’est pas parce que vous souriez à vos collègues en arrivant le matin, ni que vous leur accordez un délai supplémentaire pour terminer un dossier que vous perdrez toute crédibilité et passerez pour le « concon » du service.

« Être cadre n’a jamais empêché d’être gentil, bienveillant, compatissant, respectueux et humble. Le ‘bon’ référent est celui qui plutôt que d’être autoritaire, fait autorité. Cela passe bien sûr par ses qualités professionnelles, mais surtout par ses qualités humaines de gentillesse, estime Franck Martin, auteur du Pouvoir des gentils. Rien n’empêche un manager de recadrer un collaborateur tout en étant bienveillant et respectueux. Je dirais même que la portée de son recadrage sera encore plus forte, en adoptant des attitudes de bienveillance. Rien ne sert d’hurler, ou d’être désagréable pour recadrer, manager. Bien au contraire, le management est un acte quotidien qui réussit d’autant plus que la relation entre le manager et ses ‘managés’ est une relation humaine forte, et de confiance. »

C’est aussi être une meilleure personne

En faisant preuve de gentillesse au boulot avec leurs coéquipiers pour les motiver, les managers ne font pas seulement bien leur travail, ils concourent aussi à devenir de meilleures personnes. Car, comme le rappelle Emmanuel Jaffelin dans son Éloge de la gentillesse en entreprise, le gentil n’a pas toujours été perçu comme lâche ou crédule. Dans l’Antiquité, la gentillesse était au contraire faire preuve de noblesse morale, qui élève l’esprit et est un signe de force intérieure.

« La théorie de la gentillesse, c’est d’abord une théorie de la noblesse et non de la faiblesse. Le matin, on ne doit pas se rendre dans l’entreprise avec le mal au ventre mais avec l’idée qu’on va s’y anoblir. Et ça c’est quand même beaucoup plus motivant, plus irradiant que toutes les grilles de lecture managériales qui prévalaient il y a encore 5 ou 6 ans et qui consistaient à faire du monde professionnel un épiphénomène de la lutte des animaux dans la nature », affirme Emmanuel Jaffelin.

Être gentil n’empêche pas de faire carrière

Le gentil a rarement le beau rôle. On le considère comme trop mou, pas assez autoritaire voire comme complètement dépassé. Bref, « trop bon, trop con » pour mener sa barque pour lui seul, quitte à s’oublier au profit des autres et à passer le reste de sa carrière assis derrière son bureau à attendre une promotion qui ne viendra jamais.

Sachez-le d’emblée, être gentil ne signifie en aucune façon se laisser marcher sur les pieds, ni oublier ses ambitions personnelles au profit de celles de ses collègues. Un vrai gentil n’hésitera pas à venir en aide à un collègue en difficulté… mais aussi à dire non si on le prend pour une poire.

Cela vaut aussi pour le manager ou le patron qui se montre gentil avec son équipe. Loin d’être considéré comme un béni oui-oui, il inspire au contraire respect à ses collaborateurs. « Rappelez-vous : la relation de confiance que vous savez instaurer avec les collaborateurs est plus importante que le contenu que vous avez à leur faire passer. Ils seront d’autant plus aptes à mettre en oeuvre votre feedback, à intégrer vos critiques, que la relation entre vous et eux sera établie en confiance », rappelle Franck Martin.

Parfois même, la gentillesse « casse les verticalités qu’il y a dans l’entreprise », note Emmanuel Jaffelin. « Elle introduit de l’horizontalité, une démocratie ponctuelle, et c’est ça qui fait sa force. Elle ne va pas mettre à mal l’organigramme si, par exemple, un DRH rend service à quelqu’un qui s’est cassé la figure dans le couloir en l’aidant à se relever. Le DRH n’a pas abandonné son poste, mais quelque part il a mis un genou à terre, il a joué la carte de l’humilité, et ça c’est très positif. Ça casse tous les verrous, tous les schémas qui pourrissent pas mal la vie de l’entreprise. »

Salesteam in front of computer

La gentillesse donne à son équipe envie de s’investir

S’excuser auprès d’un collègue lorsque l’on est en tort, donner un coup de pouce sur une mission ou un dossier ou organiser de temps en temps un after work ou un déj’ d’équipe, ce n’est pas seulement être un meilleur manager, c’est aussi instaurer une meilleure ambiance de travail et garder son équipe investie et motivée. Et c’est sans doute là la meilleure raison de faire preuve de gentillesse au travail.

« La gentillesse permet de créer des ambiances de travail où règnent le plaisir de faire ensemble. La gentillesse est contagieuse et il est indispensable, pour réussir à avancer en groupe, de savoir prendre en compte les considérations individuelles des gens, pour mettre en oeuvre un projet collectif. Elle est aussi libératoire : elle rassemble, elle rassure, elle décuple les envies et les énergies », explique Franck Martin.

Le feel good management est l’avenir de l’entreprise

Ce n’est pas parce que « travail » vient du latin « tripalium », qui désigne un antique objet de torture, que l’entreprise doit être un lieu de souffrance et le manager un bourreau qui fait régner la terreur dans l’open space. De nombreuses boîtes l’ont d’ailleurs compris. En lieu et place du management rigide et sans concession, elles privilégient désormais le feel good management qui met l’accent sur la bienveillance entre salariés. Et c’est tout bénef’ pour elles.

« Aujourd’hui pour une entreprise, faire gagner le bad boy, le tueur, c’est se tirer une balle dans le pied. Ça entraîne la démotivation de la part des autres salariés qui étaient certainement d’une intelligence morale supérieure et crée de facto une mauvaise ambiance contre-productive, juge Emmanuel Jaffelin. Ça ne m’étonne pas que depuis quelques années, on soit ouvert à la bienveillance, que le classement Great Place to Work ait investi la France. Ça nous fait sortir d’un schéma où l’entreprise est un lieu de guerre, de compétition. »

Un point de vue que partage Franck Martin. « La bienveillance, le respect, l’honnêteté, la compassion, sont les traits de caractères d’avenir les plus recherchés dans les collaborateurs. Ils permettent d’intégrer humainement. La gentillesse, c’est l’assurance d’établir d’un lien de confiance, qui prime sur le contenu. Plus le contenu de ce que vous avez à faire passer est dur à exécuter, à comprendre, à intégrer (dans des contextes de changement par exemple), plus cela nécessitera d’être des vrais gentils. La gentillesse est un pouvoir qui rassemble qui emporte et qui crée du plaisir de faire. C’est l’avenir du monde professionnel, autant que celui du monde intime, de l’éducation, des soins, et … de la Politique avec un grand P ! »

Emmanuel Jaffelin, Éloge de la gentillesse en entreprise (Éd. First)
Franck Martin, Le pouvoir des gentils (Éd. Eyrolles)

Références :

Psychologies – La bienveillance au travail
RH Info – Animation de la performance : combiner exigence et bienveillance
Philippe Rodet – La bienveillance attitude managériale
Ithaque coaching


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