Jonathan Mencarelli : " Tribute to Bobby" à la Galerie Winkler

Près d’un an et demi de travail et quelques pièces de transition avec sa dernière exposition intitulée « Eléments », J. Mencarelli nous invite à découvrir ses 30 nouvelles sculptures inspirées des oeuvres picturales de Bobby

L’artiste présente à la Galerie Winkler une sélection d’oeuvres minutieusement travaillées, émouvantes de par leur fidélité aux supports originaux, bien que parfois revisitées par l’artiste -voire simplifiées sous certains détails (ombrés, pointillés). Ce qui ne fait que rajouter du caractère aux sculptures.

Le choix du support (des pierres de Moorea du type basalte et phonolite) offre un caractère d’autant plus saisissant : des formes épurées sortent de la roche -brute d’un côté et travaillée de l’autre-, qui est soit polie soit gravée, pour offrir aux regards attentifs un grain fin et des motifs fleuris, des jeux d’ombres et de matières remarquables.

Au-delà de la référence indéniable à Bobby, dont la présence émane de ces oeuvres, on perçoit la source d’inspiration qu’il représente pour l’artiste. S’il est vrai que les oeuvres picturales de Bobby ne cessent de nous captiver, la transposition sur la pierre apporte une forme de pérennité des oeuvres dans le temps : la relation énergétique à la pierre dégage une forme de mana, ce matériau impressionnant de plus de 1,9 millions d’années, présente une forme de travail en profondeur dans la symbolique qui ne peut qu’émouvoir le public.

Moving Tahiti : Comment en êtes-vous venu à faire de la sculpture ?

Jonathan Mencarelli : J’ai toujours été passionné par le dessin et la peinture. Au cours de mes études aux Beaux-Arts j’ai découvert la sculpture et toutes ses possibilités, cela a été une révélation pour moi, depuis ça ne m’a jamais lâché.

M.T : Avez-vous toujours su que vous seriez Artiste ?

J.M : Artiste est un grand mot, je me définis plutôt comme sculpteur ou plasticien. Les arts-plastiques ont toujours fait partie de ma vie.

M.T : Avant la sculpture aviez-vous d’autres pôles d’attraction ou ce talent vous a t-il toujours habité ?

J.M : J’ai toujours dessiné et avant mes études supérieures je voulais être peintre. Je me rappelle de ma 1ère peinture en maternelle qui représentait une pieuvre violette.

M.T : Des personnes ou des évènements ont-ils influencé votre choix de vie ?

J.M : Ce sont surtout des professeurs de dessin qui mon encouragés a poursuivre dans ce domaine. Ma famille m’a laissé libre dans mes choix. De nombreuses personnes m’ont aidé, soutenu et encouragé dans cette voie.

M.T : Quel fut votre cheminement dans le choix de la pierre comme matériau ?

J.M : J’ai commencé la sculpture par le modelage, puis le plâtre et le bois. Jusqu’à la pierre, qui est un matériaux fabuleux, par sa résistance, sa solidité,sa variété, mais aussi par l’histoire qu’elle renferme. Elle était là bien avant l’homme, et le sera après sans nul doute. Depuis 10 ans je travaille la pierre de Moorea, qui aurait selon les géologues 1,9 million d’année.

M.T : Sculptez-vous aussi avec d’autres matériaux ?

J.M : Les matériaux que l’on peut employer dans la sculpture sont infinis. Ma préférence va à la pierre, mais les assemblages de matériaux recyclés m’intéressent beaucoup.

M.T : Quelles sont vos influences artistiques ?

J.M : Guisepe PENONE et Anish KAPOOR.

M.T : Pouvez-vous expliquer ce qui a déterminé votre inspiration pour Bobby ?

J.M : En 1991, lors du départ de Bobby, nous avions été très touché. Avec les copains de la pointe Venus, nous avions écouté toute la journée ses cassettes. Au lycée P.Gauguin j’avais déjà reproduit un tableau de Bobby. Par la suite j’avais fait un exposé sur son travail pictural aux Beaux-Arts de Montpellier. En 2003 j’ai participé à une exposition qui rendait hommage à Bobby à la maison de la culture (PPT). A cette occasion j’avais réalisé une sculpture d’après son travail sur la légende du cocotier, et je m’étais promis de lui consacrer une exposition.

M.T : Pourriez-vous expliquer quel est le moment que vous préférez lorsque vous concrétisez une idée de sculpture ?

J.M : Le moment que je préfère c’est le travail de la pierre lui-même, la production, le contact direct avec ce matériau magique et son énergie. Une fois que la pièce est terminée, je ne pense qu’à une chose : en réaliser une autre.

M.T : Vous vivez désormais loin du bruit des villes, retiré à Moorea, cet éloignement vous apporte-t-il la sérénité que vous recherchez et la ville ne vous manque-t-elle pas un peu ?

J.M : Moorea est l’endroit idéal pour prendre du recul sur les choses, tout en étant qu’à 30mn de bateau de la ville.Donc je n’ai pas vraiment de manque urbain.

M.T : Comment se passe une journée de travail ?

J.M : Une bonne journée de sculpture commence vers 7h30 et se termine vers 16h30. J’emmène mon casse-croûte. Je fais une petite pause toutes les heures et bois beaucoup d’eau. En ce moment je travaille dans une forêt de Purau, c’est exceptionnel de travailler directement dans la nature.

M.T : Êtes-vous sensible aux critiques artistiques ?

J.M : Tout le monde est sensible aux critiques, mais cela fait parti du jeu et permet d’évoluer lorsqu’elles sont constructives.

M.T : Avez-vous d’autres passions que la sculpture ?

J.M : L’Art est ma grande et principale passion.

M.T : Quelles sont, selon vous, les qualités requises pour être sculpteur ?

J.M : Pour être sculpteur les qualités requises sont: l’amour de l’art, l’endurance, la persévérance et la créativité.

M.T : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes sculpteurs ?

J.M : Ne jamais se décourager, pour trouver sa propre voie.

M.T : Enfin, pouvez-vous nous nous parler de votre prochaine sculpture ?

J.M : Ma prochaine sculpture est une commande de particulier, je ne sais pas s’ils veulent communiquer sur ce sujet.

Questions de fin d’interview :

M.T : Avez-vous une quête dans la vie ?