La neuropsychologie étudie les perturbations cognitives, émotionnelles, comportementales et les troubles de la personnalité, provoqués par des lésions cérébrales.
Etudier cette discipline permet d’acquérir les compétences en matière de compréhension du cerveau, notre organe le plus complexe, celui qui supporte tout notre fonctionnement psychologique.
Heiarii Wong a choisi d’offrir ses services aux personnes qui souffrent de maladies ou de lésions qui atteignent leur système nerveux central.
Il trouve la méthode adéquate de rééducation afin d’aider le patient à mieux vivre son traumatisme, à réduire ses troubles, pour qu’il puisse se réintégrer plus facilement dans la société et gagner en autonomie.
Le rôle du neuropsychologue est également de faire l’intermédiaire entre la famille du patient et le corps médical.
Être neuropsychologue est à la fois une vocation, un art, une compétence, une éthique, une philosophie de vie, etc. qui ne sont jamais aboutis. C’est une perpétuelle recherche, une aventure sans fin, aussi passionnante que les voyages.
Le bilan neuropsychologique reste mystérieux pour bon nombre d’entre nous. Heiarii Wong, neuropsychologue, a répondu à nos questions pour expliquer en quoi il consistait, dans quelles circonstances il était intéressant et nous offre quelques conseils.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Heiarii, j’ai 27 ans. Je suis né et j’ai grandi à Tahiti. Je suis neuropsychologue et j’exerce au Fenua depuis maintenant 4 ans.
Pouvez-vous évoquer votre parcours universitaire et professionnel ?
J’ai effectué ma licence de psychologie à L’ISEPP (Institut Supérieur de l’Enseignement Privé de Polynésie). Puis j’ai quitté le Fenua pour poursuivre ma spécialité en Métropole. J’ai effectué mes 2 années de Master à l’Université de Savoie, à Chambéry et j’ai eu l’opportunité de réaliser différents stages au CHU de Grenoble et au Centre Hospitalier de Chambéry. Depuis mon retour sur Tahiti, je travaille dans différentes structures et j’interviens auprès d’enfants, adultes et personnes âgées (CHPF, CAMSP, Fraternité chrétienne).
Qu’est-ce qu’un bilan neuropsychologique ?
La neuropsychologie s’intéresse aux liens entre les différentes fonctions cognitives (le langage, la motricité, la mémoire, l’attention…) et les structures cérébrales. Le travail du neuropsychologue s’articule autour de l’évaluation et de la rééducation des difficultés cognitives. Il cherche avant tout à comprendre la nature exacte des difficultés que rencontre le patient, par le biais des outils classiques de la neuropsychologie (tests cognitifs validés, entretien clinique, examen du dossier médical, observations…).
En quoi consiste t-il ?
L’évaluation neuropsychologique est spécifique à chaque sujet et elle s’appuie sur la/les problématique(s) évoquée(s) par le patient. Une des premières étapes lors de l’évaluation neuropsychologique est l’administration d’un test standardisé d’intelligence générale. Au cours de cette passation, le neuropsychologue devra ébaucher des hypothèses de diagnostic, lui permettant de sélectionner d’autres épreuves évaluant plus spécifiquement les fonctions cognitives. De façon générale, le travail de neuropsychologue consiste à spécifier la nature des fonctions cognitives atteintes et préservées, de dresser le profil des compétences et des difficultés du patient, de dégager un style cognitif privilégié, d’émettre des diagnostics différentiels et possiblement de définir une prise en charge spécifique.
Quelles sont les indications (symptômes) ?
La neuropsychologie s’intéresse à toutes les pathologies ou lésions cérébrales (accidents vasculaires cérébraux, traumatismes crâniens, pathologies neuro-dégénératives, épilepsies…) mais aussi à toutes les difficultés cognitives dont l’origine peut ne pas être directement liée à une affection acquise du système nerveux central (troubles des apprentissages et trouble développementaux, déficit de l’attention, difficultés scolaires…). Le neuropsychologue peut donc intervenir auprès d’enfants, adolescent, adultes et personnes âgées.
Qu’est-ce que la remédiation cognitive ?
La remédiation cognitive concerne l’ensemble des techniques rééducatives qui visent à restaurer, renforcer ou compenser une fonction cognitive défaillante chez une personne.
Si le bilan décèle des troubles cognitifs, quelle sera la prise en charge ?
En fonction des difficultés cognitives identifiées lors de l’évaluation, le neuropsychologue peut pointer la nécessité de bilans complémentaires (bilan orthophonique, psychomoteur…) ou définir des prises en charge neuropsychologiques spécifiques, notamment pour des difficultés de mémoire, d’attention ou de nature exécutive. Le bilan neuropsychologique a pour objectif de spécifier la nature des difficultés cognitives que rencontre une personne mais aussi d’identifier les fonctions préservées (points forts). Ces dernières pourront être sollicité dans la remédiation pour compenser les difficultés rencontrées par le patient.
En moyenne, combien de temps dure un programme de remédiation cognitive ?
La durée d’un programme de remédiation cognitive dépend de la nature des difficultés rencontrées par le patient, de la sévérité des troubles mais également des ressources cognitives préservées (points forts). De nouveaux protocoles de remédiation de la mémoire et de l’attention ont été validés ces dernières années, avec des taux d’efficacité de 80%, pour des durées de prise charge allant de 5 à 13 semaines.
Travaillez-vous en collaboration avec les institutions du pays (CHT – service social…) ?
A mon sens, il est primordial de travailler en étroite collaboration avec différentes institutions et différents professionnels de santé pour avoir une vision globale de la personne prise en charge, tant sur le plan cognitif que médical, psychologique, social… Je pense que c’est la clé pour identifier et comprendre au mieux ses difficultés et ainsi l’aider de manière efficace.
A quoi ressemble une journée type dans la peau d’une neuropsychologue ? Quelles sont vos missions principales ?
De par mes interventions dans différentes structures, mes journées ne se ressemblent pas vraiment. Ce qui est sûre, c’est qu’elles commencent toutes par une bonne tasse de café. Généralement une journée va regrouper des évaluations, des séances de prise en charge et des réunions d’équipe.
Pour revenir à la remédiation cognitive, la demande vient du patient directement ou vous les voyez tous au moins une fois pour évaluer leurs capacités ?
La demande peut effectivement venir du patient mais il est essentiel de l’évaluer à minima. Les nouvelles méthodes de remédiation cognitive intègrent même des séances d’évaluation dans leurs protocoles, afin d’identifier les difficultés du patient mais également de mesurer l’efficacité de la rééducation à mesure des séances.
Qu’est-ce que vous pourriez dire du métier de neuropsychologue et quelles sont les qualités nécessaires pour exercer cette profession ?
C’est un métier passionnant, qui se situe au carrefour de la psychologie, de la neurologie et de la psychiatrie. Les recherches consacrées au fonctionnement du cerveau sont constantes et les connaissances qui s’y rapportent ne cessent d’évoluer et de se préciser. Il faut donc continuer à se former et ajuster sa pratique en fonction des dernières recommandations.
Qu’est-ce que vous conseilleriez aux étudiants qui voudraient s’orienter vers la neuropsychologie ?
La formation en neuropsychologie est difficile, d’une part parce qu’il est nécessaire de quitter le Fenua pour se spécialiser et d’autre part parce que la sélection en dernière année est difficile. Mais l’effort en vaut la chandelle. Si j’avais un conseil à donner aux étudiants c’est « faaitoito ». Comme mes parents me l’on toujours dit : « Un travail acharné vient à bout de tout ».
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