A 28 ans, Hinatea Bernardino est, depuis quelques années, la plus talentueuse, la plus impressionnante des rameuses du Fenua et sans doute celle qui a le mieux exploité son potentiel, à un degré qui force le respect.
Comme toutes les grandes championnes, sa carrière de sportive a été précoce puisqu’elle a commencé à s’entraîner dès 14 ans.
Digne héritière de la grande tradition de ses ainés, Hinatea est un véritable phénomène de la rame. Elle a appris à lutter contre ses faiblesses, ce qui la rend plus forte. Elle va toujours au-delà de ses limites, qu’elles soient physiques ou mentales.
Hinatea, multiple championne et figure de proue de sa discipline au niveau mondial est une athlète accomplie !
Elle se confie à Moving Tahiti et vous livre quelques-uns de ses secrets de préparation, pour être performante.
Ia ora na, peux-tu te présenter (même si tout le monde te connais !) ?
Ia ora na,
Hinatea Bernadino, 28 ans maintenant et je pratique le va’a depuis l’âge de 14 ans à un haut niveau. Je me suis mise au paddle et j’ai déjà participé à plusieurs courses. Mais ces derniers temps je suis beaucoup sollicitée dans le domaine du va’a pour des coachings et je me prépare pour les compétitions de va’a à venir telles que le Tiurai et le Aito.
Qu’est-ce qui t’a poussé à t’orienter plus particulièrement vers la rame ?
Dans la famille Bernadino, tout le monde a forcément touché une fois à une rame. Il y avait mon papa, mes tontons, taties et sans oublier Grand-Père Star et Teohiro qui chacun leur tour, ont fait résonné l’hymne du club Teva. Comment ne pas suivre leur chemin, pour moi ils sont un exemple.
Quels sont les qualités physiques nécessaires pour pratiquer ton sport ?
C’est un sport assez difficile puisque physiquement, il faut pouvoir encaisser les kilomètres, les douleurs et les crampes. Il faut avoir du cardio, de la souplesse et beaucoup de motivation. C’est pas évident, mais avec de l’entraînement c’est supportable.
Quels sont tes points forts et tes faiblesses ? Que vas-tu bosser en priorité pour les prochaines compétitions ?
Je pense que mon point fort c’est mon mental pendant une compétition. Le seul moment de faiblesse c’est peut-être que j’arrive facilement à me démotiver pour aller à l’entrainement…
Quel est l’atout qui t’a permis de gagner face aux autres concurrentes en Australie ?
Cette année en Australie, le niveau des rameurs et des rameuses étaient vraiment haut et ça fait du bien. C’est vrai qu’on a perdu toutes les courses en équipe élites, mais du coup j’avais cette rage de vouloir aller chercher le titre en individuel. Je n’étais pas confiante, plus les jours passaient plus je les redoutais. Pour mon V1, je n’ai pas fait un bon départ, elles avaient déjà de l’avance sur moi. Ça s’est joué aux 20 derniers mètres, je n’avais plus rien dans les bras mais il y avait cette rage qui s’est transformée en énergie et qui m’a permis de les rattraper.
De quoi est fait le travail physique « à sec » tout au long de l’année ? Es-tu une adepte des salles de gymnastique ?
Mon travail physique n’a jamais été constant. Je fais beaucoup de pause dans l’année pour me retrouver et profiter de la vie, passer des moments en famille et avec les amis. C’est un sport qui demande beaucoup de temps et beaucoup d’effort physique qu’il faut savoir lâcher de temps en temps pour mieux gérer les périodes d’entraînement et de compétitions. Je me suis mise à la salle de gym un mois et demie avant de partir aux Championnats du Monde en Australie et ça m’a apporté un plus au niveau du cardio et je tiens à remercie Joseph de Gym Zone pour son aide.
Suis tu un régime alimentaire particulier ?
Je n’ai pas de régime alimentaire particulier mais il faudrait que je m’y mette.
Combien d’heures passes-tu sur l’eau (par jour, à la semaine et à l’année) ?
Depuis mon retour d’Australie, j’ai arrêté les entraînements parce que je suis partie à Rapa Nui, ça m’a permis de me reposer mais maintenant il faut reprendre le sport pour le Tiurai. Je m’entraîne en semaine 1h30 par jour sur l’eau et je fais plutôt du surf le week-end, ça reste un sport mais c’est plus de fun.
Comment décrirais-tu les sensations que tu éprouves sur l’eau ?
Que ce soit en pirogue, en paddle ou en surf, dès que je suis sur l’eau je me sens bien. Je remercie la nature pour ces beaux paysages qu’elle nous offre chaque jour. Ce ne sont jamais les mêmes couleurs mais c’est toujours magnifique.
Et ton état d’esprit 10mn avant ton départ ? Sur quoi te concentres-tu durant la course ?
Avant le départ d’une course, mon cœur n’est plus avec moi, il bat trop vite. J’essaie de rester concentrée, de bien respirer. Je veux parler à personne, je regarde les concurrentes et je me sens comme si c’était la première fois que j’étais dans cette situation. Elles n’ont qu’un objectif c’est de me battre et elles sont deux fois plus motivées que moi. Et moi j’attends qu’une chose c’est être en position de départ dans l’eau. Et là tout change, il n’y a que les personnes que j’aime qui existent et qui me donnent la motivation d’aller jusqu’au bout.
Comment tu te sens juste après une performance de haut niveau, dans quel état physique et émotionnel ?
Après ma victoire en Australie, c’était la première fois que je me sentais satisfaite. Peut-être que c’était dû à toute la pression qu’on avait eu durant la semaine. Les néo étaient prêtes physiquement et mentalement. Elles avaient gagné toutes les courses et ça nous a donné un coup. J’ai eu l’impression que cette victoire en V1 était plus importante parce qu’il fallait vraiment aller la chercher et que rien n’était encore joué. J’étais vraiment contente de cette victoire.
Comment arrives tu à rester motivée…à garder le mental comme on dit à Tahiti? As-tu déjà pensé à abandonner la rame ?
J’ai déjà pensé à arrêter la rame plusieurs fois et c’est pour ça que je faisais beaucoup de pauses. Tu donnes tellement tout de ton temps dans cette discipline et que même en étant à un haut niveau il n’y a pas de retour constructif pour moi… ça peut être facilement démotivant. Ma seule motivation a continuer c’est ma famille et surtout mes parents et mes grands-parents qui me suivent et me soutiennent à chaque compétition.
Tes meilleurs souvenirs en tant que sportive de haut niveau ?
Mes meilleurs souvenirs c’est ma première victoire au championnat du monde a 14ans…ma première victoire en senior dame au AITO alors que j’étais junior si je me rappelle bien..et le meilleur pour la fin la victoire de mon papa a ces derniers championnats du monde magique tous les deux champions du monde.
Tes objectifs pour les courses du Heiva ?
Alors pour le HEIVA mon objectif principale et de reprendre comme il faut les entrainements depuis l’Australie j’avoue que je me suis bien lâchée il me reste moins de trois semaines et j’ai pas le choix il faut se motiver.on essaye de s’organiser avec les filles de TEVA au niveau des entrainements on a pas encore commencé mais on a pour but d’aligner une équipe en V6 et une en V3.
Je voudrais remercier mes sponsors :
Air Tahiti nui, Nesian, 2XU, STC nutrtion, Palafamala paddle, Starboard et sans oublier remercier ma famille, les gens que j’aime et toute la Polynésie.
Mauruuru.
@Va’a News
@Dani Yamamoto
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