Mahera Carlson est une chef d’entreprise qui ne manque pas de créativité. A travers T.Design, sa marque, elle a réussi à combiner sa fascination pour le respect de l’environnement, à la fibre naturelle.
T.Design, c’est le mariage parfait entre la récup’ et la fibre naturelle.
Les créations de Mahera sont fabriquées à partir de matériaux de récupération, notamment de pneus, et de fibre naturelle. Pandanus, fe’i, ou encore bananier, sont ainsi mis à l’honneur pour donner vie à des produits chics, élégants, pratiques et fonctionnels. Des pièces uniques, innovantes et surtout, LOCALES.
A travers ses créations, Mahera souhaite inspirer et encourager les polynésiens à respecter leur Terre, leurs îles. Elle nous raconte.
Ia ora na Mahera, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Mahera Carlson et je suis chef d’entreprise depuis juillet 2012.
Peux-tu nous parler de ton parcours… Es-tu autodidacte ou as-tu suivi une formation ?
J’ai suivi un cursus scolaire quoi de plus normal. Avec en plus quelques années universitaires à l’étranger dans le domaines du tourisme. Je m’étais prédestinée à travailler dans le domaine de l’événementiel… Mais l’Univers (ou Dieu) en a décidé autrement 😉
Mes années d’université à Hawaii m’ont permis d’élargir ma vision du monde avec des rencontres inoubliables. Je me suis enrichie des diverses cultures, histoires, langues et croyances des îles du pacifique (Tonga, Samoa, Hawaii, New Zealand) la Malaysie, les Phillipines, le Japan, la Corée du Sud, l’Indonésie, la Mongolie et bien d’autres. J’ai découvert que le monde est d’une biodiversité incroyable… Et que Tahiti n’en est qu’une infime partie de ce qui le compose. Le fait de partir pendant quelques années à l’étranger m’a permis de réaliser la beauté culturelle et artistique dans laquelle je vis à Tahiti. Et c’est ainsi que j’ai appris à mieux apprécier mon Fenua et ses richesses.
De retour sur le Fenua, j’ai travaillé sur des postes remplis de challenges et d’apprentissage qui m’ont mener à devenir la personne que je suis aujourd’hui. Je suis autodidacte parce que justement rien de mon parcours scolaire / professionnel et de mon CV n’indique que j’ai suivi une formation de ce que je fais aujourd’hui.
Suite à un licenciement économique en 2011, j’ai décidé de créer ma toute 1ère entreprise en Juillet 2012 qui s’appelle « Le Gourmet Woof » : c’est une entreprises qui fabrique artisanalement des friandises et des pâtés d’anniversaire pour chiens à base de produits locaux tel que les fruits de saison et matière 1ère du Fenua (Vous trouverez « Le Gourmet Woof » sur Facebook pour ceux et celles qui sont intéressés). Cependant « Le Gourmet Woof » ne prenait qu’une petite partie de mon temps… Je me suis alors mise à recherche de ce que je pourrais faire d’autre de mon temps libre. Sous l’inspiration de ma mère, j’ai créé T.Design.
Aujourd’hui je continue à créer de nouvelles choses dans d’autre domaine que les produits pour chien et les meubles recyclés parce que je suis une passionné d’art et d’artisanat et ce qui me fait vibrer c’est la création / l’innovation en elle même.
A quel moment et par quelles motivations as-tu été conduite à exprimer tes talents de créatrice de meubles ?
Je pense que depuis toujours je savais que j’avais la capacité de créer de belle choses de mes mains parce que petite déjà, il m’arrivait de faire moi même mes vêtements, mes jouets… Et mon entourage aimait beaucoup ce que je faisais. Je le faisais surtout parce que je ne voulais pas avoir les mêmes choses que tout le monde, je trouvais ça ennuyant.
Je me souviens encore de ma petite enfance où je baignais dans les colliers de coquillages et de graines, les rouleaux de paeore à regarder mes tantes, ma grand-mère et ma maman tresser des paniers. J’aimais aider ma maman à faire de la broderie, de la peinture sur verre, de la couture durant ses temps libre. Je les observais pour pouvoir ensuite reproduire ce que je voyais avec bien sure ma petite touche personnelle. A l’époque, je le faisais soit pour gagner de l’argent de poche ou pour le fun… C’était ma belle époque !
Avec le temps, l’éducation et le travail, je me suis noyée dans des choses éphémères qui ne m’apportaient pas grande satisfaction d’accomplissement personnel mise à part le fait d’avoir un salaire en fin de mois. J’avais un grand besoin de (re)découvrir qui j’étais et je me suis mise à la recherche de ce qui me « move » et me fait vibrer et qui me donnerai une sensation d’accomplissements personnel pour en faire mon métier. Du jour au lendemain, je me suis mise à créer ce que j’aimais faire dans mon enfance ; et malheureusement le décès de ma maman a été le moment déclencheur pour remettre toutes ces choses en place. Son départ m’a fait comprendre que la vie est très courte et que l’opportunité c’est maintenant.
Une anecdote en rapport avec T.Design : Dans mon enfance, il m’est arrivé une fois où j’avais demandé à mon père de me construire une maison de poupée parce que je voulais moi-même la peindre et la décorer à mon goût. Tout le matériel était là. Il ne restait plus qu’à la construire. Mon papa n’ayant pas eu beaucoup de temps pour le faire et moi impatiente comme j’étais, j’avais décidé de le faire moi même. J’avais réussis à faire la structure de la maison jusqu’au moment du découpage de ses différentes façades, je m’étais coupée un doigt. J’ai fini au urgence avec 6 points de suture… Mon père s’est efforcé à finir ce que j’avais commencé… Et j’ai finalement pu peindre et décorer ma maisonnette comme je la voyais ! Je pense que c’était ma 1ère expérience dans la création de meuble, haha !
Juste un peu avant son départ, ma maman me parlait souvent de son désir de vouloir faire vivre l’artisanat polynésien à sa façon, elle parlait de recyclage, de donner une 2e vie à des meubles inutilisable… N’ayant pas eu le temps de le faire, je me suis dit que j’aimerai essayer de faire vivre son rêve et de savoir jusqu’où est ce que cela allait me mener. J’ai combiné mon intérêt pour l’environnement et le recyclage avec ma fascination pour les tressages des australes. J’ai appris à maîtriser les procédures de séchage des matières 1ère que j’utilise. J’ai dû aussi faire fasse à des contraintes pour pouvoir obtenir un produit final de qualité. Toute la procédure de création a été un challenge mais surtout, un REEL PLAISIR de réalisation.
Aujourd’hui je fais ce que j’ai toujours rêvé de faire et d’être dans ma plus tendre enfance : créatrice et artiste, parce que oui je me considère comme telle ! 🙂
Y a-t-il d’autres passions artistiques que nous pourrions te découvrir ?
Cette question me fait beaucoup sourire, parce qu’effectivement je me suis (re)découverte de nouvelles passions artistiques… Je suis de nature très curieuse et autodidacte et tout ce qui est à trait à l’art ou l’artisanat attire mon attention. Je vous ferai bientôt découvrir ce qui me passionne en ce moment ! Alors restez branchés… Surprise ! 😉
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Mes origines (les îles australes), mes rêves, mon imagination, mon entourage, mon quotidien, mon enfance, l’environnement (la mer, la nature), la technologie sont mes sources d’inspirations… Je reste toujours ouverte et attentive à tout ce qui m’entoure. Je ne me donne plus de limites.
La protection de l’environnement est un sujet qui te tient particulièrement à cœur, peux-tu nous en parler ?
L’environnement est un sujet malheureusement négligé par beaucoup d’entre nous. Cela me fais mal au cœur de voir que beaucoup oublient et néglige nos lagons, nos terres et nos rivières qui nous apportes de la nourriture et de l’eau en abondance. Cela me fais mal d’entendre certains(es) dire « Oh de toute façon… C’est comme ça » ou encore « Tout le monde le fait ». Je refuse le « m’en foutisme » et le « fiu-tisme » de certains(es). J’aime et je respecte ma terre, j’aime mon île parce qu’elle me fait vivre et m’inspire.
A travers mes pièces, j’espère pouvoir montrer, inspirer et encourager d’autres personnes à en faire autant. Nous vivons dans une société de consommation dont j’en suis moi même consommatrice je l’avoue… Mais je ne suis pas obligée de la consommer à 400 %, je m’éduque quotidiennement avec un geste éco-citoyen.
Comment t’est venue l’idée de créer du mobilier recyclé ?
L’idée du meuble recyclé existait depuis des années déjà. Pour commencer, j’ai répliqué exactement ce que je voyais sur internet parce que je trouvais l’idée ingénieuse et tout simplement parce que je voulais en avoir un dans mon salon.
Ensuite, je m’étais dis qu’il serait formidable de pouvoir transformer tous ces pneus laissés à l’abondant en bord de route ou de rivière, pour leur donner une 2e utilisation. En une pierre deux coup, je faisais des meubles recyclés et je contribuais au bien-être de notre Fenua… UN BONHEUR !
Très vite, je me suis rendue compte que faire de la réplique manquait de personnalité et de touche personnelle… C’est ainsi que j’ai combiné ma fascination pour la fibre naturelle au recyclage. Pour moi, c’était une évidence afin de sortir de l’ordinaire. L’innovation de mes créations se trouve dans les matières que j’utilise et non sur le support de travail.
Peux-tu nous parler des matériaux que tu utilises ?
Je travaille beaucoup les matières en fibre naturelle (le pandanus, le fe’i et le bananier). J’aime beaucoup les différentes textures et couleurs que la nature nous offre, je ne modifie rien. Je ne fais que ressortir la beauté naturelle déjà existante de cette matière 1ère.
Aujourd’hui, je fais appel à mes tantes et famille des îles australes pour m’en procurer.
As-tu croisé des personnes qui ont influencé ta créativité et/ou qui ton aidé dans la réalisation de ton projet ?
Oui, T.Design est à la base un travail d’équipe. Mise à part ma maman qui était à la source du projet, j’ai embarqué (en partie) mon frère aîné dans mon aventure et j’ai découvert une autre facette de lui. C’est un homme rempli de talent et de créativité… Il est à la source même du côté technique et fonctionnel de nos meubles recyclés. Son sens du détails et de la pratique y ont énormément contribué. Chacun de nous avons apporté nos idées pour améliorer, modifier et ainsi obtenir le produit fini que vous connaissez. Je lui en serai toujours reconnaissante.
Nous connaissons bien deux de tes créations ; la table basse et le pouf. Peux-tu nous parler de ces deux pièces ? Que proposes-tu d’autre ?
La table basse et le pouf sont nos pièces maîtresses. Je trouve que la structure de base (le pneu) que nous utilisons est fascinante parce qu’elle peut être travaillée et retravaillée sous toutes ses formez internes et externes. Je recycle aussi un peu de palettes que je reconvertie en bar ou en porte bouteilles mural.
La particularité de nos pièces, c’est qu’elles sont recyclées, pratiques et fonctionnelles !
Pour l’esthétisme extérieur, les 2 pièces sont recouvertes de feuilles séchées de pandanus tressé, complétées d’un couvercle pour le côté fonctionnel et de roulettes pour le côté pratique.
Aujourd’hui, je travaille toute seule sur les futures pièces de T.Design. Très prochainement, je sortirai deux nouveaux produits. Il s’agit de créations toutes aussi pratiques et fonctionnelles que les poufs et les tables basses.
Dans quelle direction souhaites-tu faire évoluer ton style, tes créations ?
CHIC, ELEGANT, PRATIQUE, FONCTIONNEL et RECYCLAGE sont les mots clés de T.Design. Je souhaite pouvoir inspirer et éduquer d’autres personnes à en faire autant. Je crois fermement que la langue, l’art et l’artisanat, l’histoire sont la source de notre culture. Maintenant, à chacun(e) de décider comment la faire vivre en 2016. Je considère mes pièces comme des pièces d’art polynésien contemporain… Tel est mon style T.Design !
Enfin, quels sont aujourd’hui tes projets et/ou attentes concernant T.Design Tahiti ?
J’aimerai faire de futures expositions d’art afin de partager ma passion et ma vision de l’art polynésien contemporain de 2016.
Questions de fin d’interview :
Si tu devais te réincarner, que choisirais-tu ?
Un papillon pour sa métamorphose, son élégance et sa liberté d’envole…
Un passe-temps favori ?
La lecture, la musique, la randonnée, la cuisine, l’écriture, la famille / ami(e)s.
Un défaut ? Une qualité ?
Impatiente / proactive.
Une citation ?
La vie ce n’est pas attendre que la tempête passe… Mais c’est d’apprendre à danser sous la pluie.
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