Comme pour tous les festivals de films amateurs ou semi professionnels, et particulièrement pour les festivals de films tournés avec un mobile ou une tablette, les candidats, lorsqu’ils ont du talent, lorsqu’ils sont primés souhaitent aller plus loin, passer à la vitesse supérieure…
Même si le Vini film festival on Tntv est d’abord un moment ludique où tout le Monde peut s’exprimer à travers le court-métrage avec un moyen technique facile d’accès et d’utilisation, chaque année il voit passer, parmi les candidats, de jeunes prodiges de la vidéo, qui souhaitent devenir des professionnels de l’audiovisuel ou du cinéma polynésien.
Ils participent une année, deux années, d’autres continuent pour la confrontation, le plaisir de la compétition avec les autres candidats.
C’est en tout cas avec grand plaisir, fierté et bienveillance que le festival regarde chaque année ces jeunes talents révélés lors de ces éditions précédentes s’envoler vers des techniques de tournage plus évoluées, participer à des festivals de court-métrages nationaux ou internationaux, créer des structures de production, être diffuser en télévision, faire de leur métier leur passion et laisser la place aux plus jeunes…
Les lauréats du Vini film festival on Tntv, que sont-ils devenus ? Toarii Pouira, lauréat du Vini film festival on Tntv 2012 et 2014 nous raconte.
Tu as participé il y a quelques années au Vini film festival on Tntv, racontes-nous…
Réaliser des films, c’était un peu mon plus grand rêve d’enfant. Quand j’étais au lycée, il y a eu un tout premier festival local pour des films tournés avec des téléphones portables, mais à l’époque, ça ne s’appelait pas encore le Vini Film Festival on Tntv. Je regardais tous ces films, et je me disais “ça a vraiment été fait ça ici ?”. Le festival enchaînait année après année, et prenait aussi plus d’ampleur, c’était un petit pas à franchir absolument.
En quoi un festival de ce type peut être important ?
On remarque 2 types de candidats à ce genre de concours. Ceux qui participent pour le Fun et ceux qui veulent faire de l’audiovisuel leur véritable vocation. Dans tous les cas, ces festoches permettent avant tout de tourner un film dans le plus grand divertissement, on ne peut que s’amuser avec l’équipe de tournage, qui en général reste notre cercle d’amis. Ce genre de festival est aussi super révélateur de talents et souvent, fait rendre compte à certain si le monde audiovisuel est la voie qui lui correspond le plus. Pour ceux-là, le festival apporte une énorme visibilité, et quand on veut en faire son métier, c’est un point à ne pas négliger. En plus, cette année, les films seront diffusés à Cannes, c’est génial !
Aujourd’hui tu as une société de production, tu es prestataire de services, peux-tu nous en parler ?
(Historique, j’ai commencé en telle année…. Raconter l’histoire, jusqu’à aujourd’hui)
Aujourd’hui, mon frère jumeau et moi dirigeons 2 boîtes de production audiovisuelle : Iaorana Motion et Iaorana Prod. On a débuté en 2013 par des petits clips type aftermovie pour quelques nightclub locaux. Puis, on s’est lancé dans la réalisation de films publicitaires et institutionnels. Aujourd’hui, en plus de tout ça, on reçoit des demandes de prestations de services de la part d’autres sociétés de production du territoire pour des clips musicaux, des courts métrages et des séries. Mais il faut avouer que même si les prestations restent un bon investissement, il faut voir grand, et pour notre part, nous préparons quelque chose de bien à nous, pour le grand public. À suivre donc…
Arrives-tu as vivre de ton métier ?
La question à 100 million de francs que l’on nous pose souvent… Ça va bientôt faire 3 ans que je suis dedans, et je crois que je suis toujours en vie (rire). Plus sérieusement, le monde de l’audiovisuel est un monde très vaste. Certains diront qu’il est difficile d’en vivre, d’autres que c’est une véritable mine d’or. Pour ma part, avant de réaliser des films, j’étais administrateur informatique et je dois avouer que je gagne bien plus aujourd’hui. Après, je connais des personnes qui font des films et qui ont un travail avec un véritable salaire à côté. Ça reste une option pour ceux qui sont dans le doute.
L’optique qu’il faut surtout avoir, c’est avant tout faire des films par passion. Il parait que quand on aime, on ne compte pas, et comme disait le vieux Confucius “fais un travail que tu aimes, et tu n’auras pas à travailler un seul jour de ta vie”.
Quel type de matériel possèdes-tu ?
Pour l’instant, nous tournons principalement sur DSLRs. C’est, à un prix abordable, ce qui se rapproche le plus des caméras utilisées au cinéma. Côté ordinateur, aussi bien pour le montage que les effets spéciaux, nous avons des PC type gamer : minimum 12 Go de RAM avec des cartes graphiques avec 3Go de RAM dédiés à la vidéo et des processeurs 8 cœurs cadencés à 3ghz chacun.
Un peu avant, on parlait de gagner sa vie en travaillant dans le domaine audiovisuel, et çà c’est un point que l’on oublie souvent : le matériel coûte cher… très cher ! C’est quelque chose que beaucoup de clients que l’on a rencontré ignorent et qui gardent les gros yeux quand ils veulent des devis. Ça n’a pratiquement aucun rapport mais pour avoir un ordre de prix du matériel audiovisuel, il suffit de regarder les chiffres qu’il y a dans un catalogue de vente de véhicules. Il arrive que ce dont on a besoin, ordinateurs, caméras, micros, lumières, etc… coûte aussi cher qu’un scooter voire même qu’une voiture.
Penses-tu que la filière audiovisuelle peut se développer en Polynésie ?
La filière audiovisuelle doit se développer en Polynésie. Il n’y a qu’à regarder le nombre de jeunes tahitiens qui font des films aujourd’hui, mais aussi tous ceux qui partent étudier le cinéma sous toutes ses formes, pour apporter encore plus sur le Fenua.
D’autant que la culture polynésienne est ultra riche, Il y a tellement d’histoires à raconter et surtout beaucoup à montrer. Ce n’est pas parce que l’on est un petit pays que l’on ne peut pas faire de grandes choses.
Quels sont les points positifs ?
Ça ne peut être que bénéfique. Avant tout permettre aux réalisateurs, producteurs, infographistes, auteurs et compositeurs musicosses, ingénieurs son, etc… de s’épanouir dans ce qu’ils aiment le plus.
Au niveau local, on entend souvent qu’il n’y a pas de travail pour les jeunes, c’est certains que ça en aidera plus d’un. Au niveau international, Plus il y aura de facilités à tourner des films ici, plus ces films s’exporteront. Et si ces films arrivent à être acclamés par le monde, j’ai hâte de voir le retour que ça aura sur notre petit pays. Je crois qu’à terme, ça peut être un véritable cercle vertueux.
Quels sont les points négatifs à lever encore ?
Le fait que de se lancer dans une filière qu’il reste à développer est un pari risqué. J’en connais qui ont été démotivé d’en faire leur métier alors qu’ils adorent faire des films. Pour ma part, quand j’ai annoncé à mes proches que je quittais mon boulot d’informaticien, alors que j’avais passé 3 années de ma vie à m’y préparer, ils ont sauté au plafond (rire). J’ai eu droit à des “non c’est difficile d’en vivre” ou des “vous allez vous faire lyncher”, etc… Je n’ai pas encore réussi dans ce que je fais, et il me reste encore beaucoup à apprendre, mais aujourd’hui, je suis en train de réaliser mon rêve d’enfant et ça, ça n’a pas de prix.
Quels conseils donnerais-tu à un jeune qui veux se lancer dans un des métiers de l’audiovisuel ?
Sois créatif et aime ce que tu fais. Sois têtu et n’arrête jamais d’apprendre. L’audiovisuel est un monde très vaste. Être réalisateur n’est pas être scénariste, c’est certain, mais je crois essentiel de toucher un minimum un peu à tout. Tu aimes inventer des histoires ? Alors retrouve tes cours de 6ème qui parlent du schéma narratif (rire). Forme-toi à l’écriture, la psychologie et même si tu n’as jamais eu la moyenne en philosophie, jette un petit coup d’œil aux proverbes de Nietzche, Platon, Confucius et autres. Il y en aura probablement qui t’interpelleront et qui te donneront envie d’en savoir plus.
De manière plus générale, tu as une merveilleuse école à disposition qu’est internet. Et en plus, tu choisis les cours que tu veux (rire).
Enfin, n’oublie jamais que si c’est un film à toi que tu veux réaliser, avant de te lancer dans ton tournage, fais lire ton histoire à quelques personnes plus ou moins proches de toi. Ils te donneront des critiques constructives qui apporteront des plus à ton scénario… Des petits détails qui ne pourront que rendre ton film, meilleur qu’il ne l’est déjà.
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