Depuis deux ans, les gens de FACT Magazine en font des tonnes sur Abra, et, plus largement, sur chacune des nouvelles têtes plus ou moins stylées signées sur Awful Records. Un détour en Norvège le week-end dernier à l’occasion du festival By:Larm a suffi à justifier la puissance des louanges adressées à la chanteuse anglo-américaine. Avec Abra, le collectif d’Atlanta tient la certitude d’exploser les frontières de sa notoriété. Aussi bien dans le temps que dans l’espace.
Si elle ne divulgue ni son âge ni son nom, le charisme presque adolescent et l’insouciance de la chanteuse trahissent une date de naissance que l’on imagine facilement postérieure à 1994. La fameuse année où Aaliyah et R-Kelly inventaient les bases du R’n’B d’aujourd’hui avec le bien nommé Age Ain’t Nothing but a Number. Une vingtaine d’années plus tard, Abra semble avoir bien révisé la leçon de précocité soufflée par la légende disparue du genre.
Élevée à Londres les huit premières années de sa vie, Abra (diminutif de Gabrielle) a rapidement suivi le mouvement d’un déménagement familial pour rejoindre les Etats-Unis et Atlanta. Dans une interview pour The Fader publiée en début d’année, elle revient sur les difficultés de son intégration et la naissance de son ambition artistique :
“J’ai grandi à Londres jusqu’à l’âge de huit ans. C’était compliqué de débarquer dans le sud des Etats-Unis avec un accent anglais. Les enfants étaient vraiment mesquins genre ‘Tu ne peux pas être noire et parler comme une Anglaise.’ C’était assez dur pour moi mais c’est grâce à ça que je suis devenue un peu cheloue. C’est à ce moment que j’ai commencé à jouer de la guitare et à écrire des petites nouvelles fantastiques.”
Abra explique s’être alors repliée sur elle-même jusqu’à devenir une sorte de geek solitaire, plus attirée par la surconsommation de films d’horreur et la lumière bleue des cyber-cafés que par les relations sociales :
“Je me suis dit que j’allais devenir une créative et que je n’avais pas besoin d’amis.”
Révélée par Internet où ses clips frôlent aujourd’hui le million de vues, la chanteuse assure avoir trouvé sa place et ses vrais amis sur les réseaux sociaux. C’est d’ailleurs sur YouTube que ses reprises accompagnées à la guitare ont attiré la vigilance de Father, le boss d’Awful Records :
“Juste avant de m’inscrire à la fac, je faisais des reprises de rap sur YouTube en m’accompagnant à la guitare” retrace Abra, toujours pour The Fader. “La copine de Father est tombée dessus et elle a fait le lien entre nous. Quand j’ai sorti le morceau Needsumody, il l’a remixé. C’est à ce moment qu’on a commencé à bosser à fond ensemble. Nos styles se complètent vraiment bien”
Rose, le magnifique premier album d’Abra, est une merveille d’alternance entre les différentes intentions qui maquillent la pop aventureuse de notre époque. Entre langueur contemplative, musique de club et production DIY, la séquence ridiculiserait presque les efforts parfois criards d’un mec comme Shamir.
Source : Les Inrocks
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