Les thrillers post-apocalyptiques ne manquent pas dans la liste des nouveaux films et les spectateurs semblent obsédés par les raisons qui mèneraient l’humanité à sa fin. « Bird Box « , le thriller de science-fiction Netflix adapté du roman de Josh Malerman, offre à la fois une vision intéressante de la fin du monde mais également des perspectives qui nous permettent de mieux comprendre la survie, les responsabilités familiales et les relations humaines elles-mêmes.
La réalisatrice Susanne Bier (« The Night Manager ») utilise un style très intuitif et vif qui combine l’utilisation judicieuse de l’environnement, ainsi que l’instinct de survie d’une femme face à un voyage périlleux qui l’oblige à affronter ses craintes les plus profondes : la perte de son enfant. Beaucoup seront tentés de le comparer à « A Quiet Place », et bien que les deux partagent de nombreuses similitudes, « Bird Box » se distingue en construisant son suspense sur les émotions plutôt que sur les imprévus.
Le film commence alors que Malorie (Sandra Bullock) donne des ordres à deux jeunes enfants qu’elle appelle Boy (Julian Edwards) et Girl (Vivien Lyra Blair). Ils doivent se rendre sur la rivière voisine, monter rapidement à bord d’un petit bateau et trouver un abri, les yeux bandés tout le temps. Ce n’est pas vraiment une belle promenade en bateau avec maman. A travers une série de flashbacks qui défilent rapidement, le film raconte comment ils fuient des « créatures » non identifiées qui sèment la peur et la mort si vous les regardez.
Malorie rencontre pour la première fois les effets des créatures alors qu’elle est enceinte. Elle attend que sa sœur Jessica (Sarah Paulson) remonte la voiture après un rendez-vous chez l’obstétricien-gynécologue. Malorie se rend compte avec horreur que les gens qui l’entourent cherchent tous des moyens de se suicider ce qui sème un chaos général. Elle trouve refuge dans la maison de Greg (BD Wong), où se cachent d’autres personnes terrifiés et désorientés : Tom (Trevante Rhodes), un vétéran de la guerre en Irak qui a un faible pour Malorie ; Charlie (Lil Rel Howery), un épicier qui rêve de devenir romancier ; Doug (John Malkovich), un voisin parano et toujours sur ses gardes ; ainsi que Sheryl (Jacki Weaver), Lucy (Rosa Salazar), Felix (Colson Baker aka Machine rappeur Gun Kelly). Ce groupe découvre ce qui se passe pendant les quelques minutes où ils peuvent accéder aux nouvelles locales et constate que le phénomène se produit partout dans le monde et qu’ils doivent trouver un moyen de survivre.
Il y a beaucoup à dire sur les messages et le symbole du film. Le roman a été écrit en 2014, le scénariste Eric Heisserer (« Arrival ») allie habilement les contrastes qui reflètent la réalité d’aujourd’hui. Son adaptation présente des réfugiés en quête d’un abri (avec un rapide coup d’œil sur les frontières qui sont fermées), le changement climatique que personne ne peut contrer, la violence par les armes, avec la question suivante : comment préparer la prochaine génération, quand on est même pas certain de survivre ?
La performance de Bullock est brillante – elle intériorise toutes ces peurs et crée un personnage qui ne se laisse déjà pas influencer par ses émotions. Tout au long du film, elle remet en question ce que le mot « maternelle » signifie dans des circonstances aussi terribles. La maternité est elle synonyme de câlins et d’espoir pour un enfant, ou est-ce que vous devez élever un enfant, en lui apprenant à rester sur ses gardes et en l’isolant de peur de le perdre ? La façon dont une mère protège ses enfants est une question que tous les parents se posent, et trouver comment élever la prochaine génération est l’une des problématiques les plus difficiles auxquelles nous faisons face chaque jour.
Depuis des générations, l’image de la maternité est celle d’une femme qui communique immédiatement avec son enfant, qui est ouvertement aimante et douce. La maternité aujourd’hui n’est pas aussi simple. Il y a des dangers réels auxquels nos enfants font face quotidiennement. Il n’y a pas de nouveau manuel pour nous apprendre à préparer nos enfants à une attaque terroriste, et il n’y a pas non plus de guide sur la façon de guider nos enfants alors que nous ne savons pas ce que l’avenir nous réserve. Nous tâtonnons tous aveuglément dans cette nouvelle parentalité, espérant que nous élevons nos enfants pour qu’ils soient intelligents et forts tout en leur permettant de vivre les joies de l’enfance. C’est justement la façon dont Sandra Bullock aborde la parentalité qui rend sa performance très réaliste. C’est tout aussi fascinant et terrifiant à regarder.
Le groupe qui les accompagne est composé de personnalités très différentes mais c’est Tom de Rhodes qui donne à l’histoire son âme et son cœur. Il apporte du charme ainsi qu’un regard nuancé sur la façon dont la force se traduit par le sacrifice, la vie et l’amour, même dans les moments de chaos. L’aspect intéressant qui ressort de la relation entre Malorie et Tom est le fait qu’il doit y avoir un équilibre entre les deux : le survivant et celui qui se sacrifie afin d’assurer la survie de l’humanité.
« Bird Box » ne vous fera pas frissonner comme certain thriller post-apocalyptique. L’atmosphère est parfois calme et parfois stressante. Tout comme les créatures du film, « Bird Box » explore nos craintes les plus intimes et nous plonge dans un monde en proie à cette peur. Et quand ils enlèvent le bandeau et regardent ce qui se passe autour, il retrouvent la quiétude et la beauté.
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