Stephane Mailion, émotions et passions au naturel
Voici Stephane Mailion, photographe engagé. En effet, Stephane ne se contente pas de capturer des scènes de vie ou des paysages, il vit ses photographies et leur donne ainsi un sens profond. À chaque fois, il crée une nouvelle image inspirée de la beauté de nos paysages polynésiens et de notre culture, à laquelle il ajoute une bonne pincée de son âme artistique.
Alliant son expérience technique à sa sensibilité artistique, il nous propose de splendides spectacles naturels. Ses rencontres personnelles lui donnent la matière pour élaborer une photo authentique et spontanée mais non moins représentative de son expertise technique, et lui permettent d’exprimer son originalité.
Il exposera fin avril dans la Galerie du Pacific Plaza à Faa’a, l’occasion pour nous d’en apprendre un peu plus sur l’artiste et bien sûr, sur ses photographies.
Moving Tahiti : Peux-tu te présenter ?
Stephane Mailion : Bonjour à tous les lecteurs de Moving Tahiti.
Je suis un enfant du pays passionné par la photographie. La photographie est un loisir qui me permet de « m’évader », de faire appel à ma sensibilité artistique, de porter un regard différent sur notre Fenua et en savourer ses richesses. Cela me change de mes problématiques professionnelles… Des reliefs escarpés de nos montagnes en passant par les multiples nuances de bleu de nos lagons, sans oublier la culture polynésienne portée à fleur de peau ou vécue avec intensité lors du Heiva, il y a de quoi s’inspirer et se faire plaisir !
A travers mes photos je souhaite également mettre en avant la beauté de notre Fenua, de notre culture. J’adore mon pays et souhaite contribuer à le faire rayonner. Si mes photos peuvent donner envie à des étrangers de venir découvrir la Polynésie, ce serait une satisfaction supplémentaire.
M.T : Es-tu un autodidacte, comment as-tu réussi à apprendre les ficelles du métier ?
S.M : Je suis en effet autodidacte. J’ai appris (et continue d’apprendre) en alliant théorie et pratique. J’ai potassé les notions de base de la photographie (exposition, profondeur de champ, composition…) par le biais d’ouvrages spécialisés et internet, notamment youtube où de nombreux tutoriels sont disponibles gratuitement. Puis la pratique est essentielle. Le numérique permet de voir immédiatement le résultat d’une prise de vue. Cette instantanéité permet d’ajuster ses réglages et comprendre leur impact sur la photo. Pour terminer, mon père est photographe et me donne de temps en temps des conseils ou critiques qui me permettent de progresser.
M.T : Depuis combien de temps fais-tu de la photographie ?
S.M : J’ai toujours aimé prendre des photos. C’est un virus qui doit être héréditaire ! J’ai donc commencé dès mon adolescence en empruntant les appareils de mon père. Mais le vrai « déclic » s’est fait il y a 7 ans à la naissance de ma fille. J’ai voulu progresser pour avoir de beaux souvenirs de ces instants magiques en famille.
Il y a 2 ans, j’ai franchi un nouveau cap en investissant dans du matériel plus performant et surtout en prenant le contrôle des réglages de mon appareil.
Il y a un an, je me suis enfin senti prêt à partager mon travail. J’ai donc créé mon site internet et lancé ma page Facebook. Allez y faire un tour : )
M.T : Quelles sont tes références ? (les photographes qui t’ont inspirée)
S.M : J’adore les photos de Yann Arthus Bertrand et de National Géographic qui permettent de voyager à la découverte de pays, cultures. De nombreux photographes locaux m’inspirent également : Matarai pour les nouvelles perspectives du fenua qu’ils nous offrent avec leurs photos aériennes, Matareva qui sublime chaque année la culture Polynésienne, Tim Mc Kenna et Grégoire le Bacon pour leur maîtrise technique et leur « regard », et Vincent Truchet pour ses magnifiques photos sous marines.
M.T : Quelle place prend la mise en scène et comment procèdes-tu ?
S.M : Je photographie principalement des paysages et des spectacles de ori tahiti. Il n’y a donc pas de mise en scène à proprement parler. Il s’agit plutôt de trouver le bon angle, la bonne composition, s’adapter aux conditions du moment et réussir à figer l’instant.
M.T : Comment choisis-tu tes modèles ou tes paysages ?
S.M : Je fais beaucoup de photos spontanées, du coup je fonctionne au coup de cœur. Mais si j’ai l’occasion de préparer une séance photo, le repérage et la préparation sont essentiels.
M.T : Quelles sont les émotions que tu essayes de faire passer ?
S.M : J’essaye de mettre en avant la beauté de nos paysages en espérant que les gens les redécouvrent sous une perspective différente. En ce qui concerne les photos de danse, je m’efforce de capturer les regards, les attitudes, les mouvements qui m’interpellent et me font vibrer. Si une photo est réussie, le crédit revient en premier lieu aux danseurs et à leur interprétation. Ils sont l’âme de la photo.
M.T : Peux-tu développer ta définition du « Beau » ?
S.M : Attention, question digne d’un bac de philo !… : ) Pour moi le « beau » est la capacité à faire ressentir des émotions agréables par le biais de la vue et/ou l’ouïe. Chacun aura sa propre interprétation du beau selon sa sensibilité, sa culture.
M.T : Tes sources de satisfaction dans ton travail de photographe ?
S.M : Réussir à capturer et transmettre une émotion, à raconter une histoire malgré le fait que l’image soit figée.
M.T : Quelle place tient le matériel dans tes photographies ? Que possèdes-tu ?
S.M : La majorité des gens pense qu’un « super appareil » prend de « superbes photos ». C’est vrai… à condition de savoir s’en servir ! La technique et la sensibilité artistique sont fondamentales. Couplées à la maitrise d’un matériel performant, on a plus de chances d’obtenir de belles prises de vue.
Le matériel photo est cher. Je m’équipe donc au fur et à mesure… Je travaille avec un Nikon plein format (D 610) et des objectifs Tamron (24-70mm f2.8 et 70-200mm f2.8). Accessoires indispensables : un trépied pour des photos en exposition longue, un flash comme source de lumière complémentaire.
M.T : Comment choisis-tu les lieux ? Quels lieux sur lesquels tu as déjà travaillé t’ont laissé les plus fortes impressions ?
S.M : La plupart du temps je photographie les paysages rencontrés au cours de mes voyages. Cela peut être le fruit du hasard, sur le chemin je vois quelque chose d’intéressant et je m’arrête pour une photo. Ou cela peut être recherché par le biais d’un repérage qui me permet de définir le meilleur angle pour réaliser la photo, le moment de la journée où la lumière sera plus propice.
Photographier de nuit le mont Rotui et les montagnes environnantes a été une expérience unique. Nous avons la chance d’avoir un ciel magnifique en Polynésie, redécouvrir ces paysages sous les étoiles a été magique. Cela fait oublier les nombreuses piqures de moustiques !
J’ai également beaucoup aimé photographier le spectacle de la troupe « O Tahiti E » au marae Arahurahu. Le cadre naturel et son histoire créent une atmosphère particulière. C’est un voyage dans le Tahiti des temps anciens. Une belle initiative qui je l’espère sera régulièrement renouvelée.
Pour terminer, couvrir la tournée au Japon de la troupe Tahiti Ora de Tumata Robinson a été une très belle aventure humaine et culturelle. Quel plaisir de voir le Ori Tahiti acclamé dans un pays si différent! Je suis fier de voir notre culture rayonner à l’étranger!
M.T : Quels lieux te font rêver ? Si dans l’absolu tu pouvais y shooter…
S.M : Il n’est pas forcément nécessaire d’aller très loin pour rêver. J’aimerais photographier l’intérieur de l’île de Tahiti et Moorea, ses montagnes, cascades, rivières. En hélico et en randonnée, histoire d’avoir des perspectives différentes.
Sinon j’adorerais photographier le Yellow Stone aux Etats Unis, les aurores boréales, la jungle amazonienne ou faire un safari en Afrique… Si Yann Arthus Bertrand recherche un assistant, je suis preneur ! A bon entendeur…. ; )
M.T : Dans quelle direction souhaites-tu évoluer en terme de photographie ?
S.M : Je souhaite maintenant continuer mon apprentissage en réalisant des portraits, ce qui me donnera l’opportunité d’aborder le travail de mise en scène et de direction artistique.
Je viens de réaliser une série de portraits en noir et blanc sur le thème du tatouage. Pour un premier essai je suis satisfait. Quelques-unes de ces photos seront exposées à partir de mi avril dans la galerie marchande du Pacific Plaza à Faa’a. J’invite les lecteurs de Moving Tahiti à s’y rendre pour découvrir ces photos en grand format, imprimées par la société Matuvu sur de l’alucobon, un support très intéressant qui ajoute un cachet particulier à la photo… Soyez curieux et passez voir !
M.T : Et enfin, quels conseils pourrais-tu donner à quelqu’un qui voudrait réussir ses photos ?
S.M : Travailler sa composition, c’est essentiel pour donner de la force, de la profondeur à une photo.
Questions de fin d’interview :
M.T : Ton passe temps favori ?
S.M : Euh…. La photo !
M.T : Ton look de tous les jours ?
S.M : Si seulement ça pouvait être short/savates !… Local style is the best : )
M.T : Quel est l’objet que tu mets dans ton sac tous les jours ?
S.M : J’aimerais y mettre mon appareil photo, mais il est beaucoup trop encombrant. Je me contente donc de mon smartphone.
M.T : Quelle est la question que nous oublions de te poser ?
S.M : Mince, je l’avais sur le bout de la langue…
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