Leon Bridges : La soul dans les veines

En écoutant le premier album de Leon Bridges, en concert cette semaine au Trabendo, on se pose des questions. Quel âge a-t-il ? De quelle époque vient-il ? « Coming Home » semble avoir été enregistré il y a un demi-siècle, tant sa soul sonne comme dans les années 1950-1960. Comment un jeune homme de 26 ans peut chanter comme s’il en avait 70?

On imagine qu’il a passé toute son enfance à chanter du gospel à l’église de son quartier de Fort Worth, Texas. Dépensé ses premiers dollars en vinyles d’Otis Redding ou des Supremes. « En fait, j’ai découvert tout ça sur YouTube et la webradio Pandora », s’excuse-t-il presque. Leon Bridges a 26 ans, et son premier album, Coming Home, ressemble à s’y méprendre à un classique soul des années 60. Pourtant, c’est Ginuwine et Usher qui régnaient sur son iPhone quand il a composé ses premières chansons, il y a trois ans. « En entendant l’une d’elles, un ami m’a demandé si Sam Cooke m’avait inspiré. Ce n’était pas le cas, mais j’ai commencé à l’écouter, lui et les Temptations. Et j’ai compris que ma voix collait davantage à cette musique qu’au r’n’b moderne. » Sa voix trouvée, Leon jette ses slims de hipster et se met aux pantalons taille haute chinés en friperie. « Quand j’ai commencé à faire de la soul, j’ai pensé que ça n’aurait aucun sens de monter sur scène en jean et T-shirt. Je crois en la cohérence. Mais attention, j’aime vraiment ce look ! »

Une histoire de jean

C’est d’ailleurs à la faveur d’un Wrangler porté presque sous les aisselles que Leon tombe sur la chance de sa vie. Un soir, une jeune femme l’aborde dans un diner : « Mon mec porte le même jean que toi ! » Le mec en question s’appelle Austin Jenkins, il est guitariste du groupe de blues garage White Denim (décidément, tout est affaire de jeans). C’est lui qui produira les chansons de Leon dans un studio équipé de matériel vintage. Du doo-wop bien balancé, des mélodies qui accrochent, une voix qui caresse : une recette éprouvée depuis un peu plus d’un demi-siècle. Opportuniste, Leon ? Plutôt représentatif d’une génération qui n’a pas eu besoin d’accumuler un savoir encyclopédique sur les « classiques » pour s’en inspirer. A l’instar du Canadien Tobias Jesso Jr. qui, à 29 ans, vient de sortir un sublime album de soft-rock très seventies (Goon) et jure n’avoir découvert Andrew Gold et Harry Nilsson que très récemment. Comme Leon, il martèle avoir juste voulu écrire de bonnes chansons. « La pop moderne tourne un peu en rond, estime Leon. Ce son vintage, les gens de ma génération n’ont pas pu en faire l’expérience. Que des garçons de leur âge le leur fassent découvrir les attire instantanément. »

Le Mad Men de la soul ?

Voix de soul man et look rétro sur mesure : Leon est à la pop music ce que Mad Men est aux Trente Glorieuses, un succédané cinq étoiles. Sa candeur donne pourtant envie de tout lui pardonner. Lorsqu’on lui demande en effet quels ont été les plus beaux moments de sa courte carrière, il n’hésite pas. « Quand j’ai chanté Dedicated to The One I Love des “5” Royales (groupe de rhythm’n’blues des années 50) lors de leur cérémonie d’entrée au Rock and Roll Hall of Fame. » Et la soirée du Met Ball, l’un des événements mode les plus médiatisés. « Je venais de faire un shooting pour Vogue, qui m’y a invité. Je n’avais pas de cavalière, mais j’ai rencontré l’actrice Dianna Agron, et nous sommes devenus amis. Et puis Rihanna a chanté, c’était génial. » Leon Bridges a des étoiles dans les yeux. Qu’il a résolument tournés vers le futur, quoi que nous susurre sa musique.


Il n'y a aucun commentaire

Ajoutez le vôtre

Laisser un commentaire

Like us!

ou

Inscrivez-vous

à notre newsletter

Merci !