Seconde réalisation pour Alan Rickman, qui ne manque pas d’ambition, ni de bon goût dans son casting, en choisissant pour sa tête d’affiche Kate Winslet et Matthias Schoenaerts.
l’argument : Artiste aussi douée que volontaire, Sabine De Barra conçoit de merveilleux jardins. En 1682, son talent lui vaut d’être invitée à la cour de Louis XIV, où le célèbre paysagiste du roi, André Le Nôtre, fasciné par l’originalité et l’audace de la jeune femme, la choisit pour réaliser le bosquet des Rocailles. Ce sera une pièce maîtresse des jardins, la salle de bal à ciel ouvert du nouveau palais que le Roi Soleil souhaite créer à Versailles pour éblouir l’Europe. Tout en donnant son maximum et en menant l’incroyable chantier pour terminer à temps, Sabine s’aperçoit vite qu’à la cour, le talent ne suffit pas : il faut aussi maîtriser l’étiquette et savoir naviguer dans les eaux troubles des intrigues. La jeune femme défie les barrières sociales et celles liées à son sexe ; elle noue même une surprenante relation avec le roi et gagne la confiance du frère du souverain, Philippe. Au-delà des interdits et des passions, au coeur d’une cour sur laquelle le monde entier a les yeux rivés, Sabine et Le Nôtre vont tout donner pour porter le rêve de leur vie malgré les obstacles…
L’invitée de l’hiver, il y a près de 20 ans, mettait en scène les rapports conflictuels entre une mère et sa fille, toutes deux jouées par Emma Thompson et sa vraie mère dans la vie… C’était un drame froid, tourmenté, mais dont l’intimisme avait su capter l’intérêt du public et des critiques. C’était aussi le premier long métrage d’Alan Rickman, en tant que réalisateur. Plus qu’encourageant pour un premier long.
Exit Emma Thompson, désormais trop âgée pour le rôle central, c’est la lumineuse Kate Winslet qu’il a choisie pour camper le rôle d’une paysagiste, qui contribue ici à l’élaboration des jardins de Versailles, sous la direction d’André Le Nôtre. La comédienne a joué avec Rickman à l’âge de 19 ans, dans Raisons et sentiments, une collaboration qui a su tisser des liens de confiance entre l’acteur vétéran et la star inoubliable de Titanic.
Le projet des Jardins du roi, moins porté sur la psychologie confinée d’une poignée d’individus, est plus ambitieux que L’invitée de l’hiver, les moyens sont présents à l’écran, pour faire revivre la cour, au Louvre ou à Fontainebleau, dans la langue de Shakespeare qui s’invite, curieusement, chez Louis XIV, joué avec l’éminence qu’on lui connaît, par Rickman en personne.
Cette variation jolie sur l’histoire française, très romancée, est surtout le parfait récipient pour une histoire d’amour fantasmée entre deux talents qui se complètent à l’écran par leur incroyable présence physique. Outre Winslet, c’est ni plus ni moins le puissant Matthias Schoenaerts, casté après De Rouille et d’os d’Audiard, qui incarne le célèbre jardinier royal André Le Nôtre. A l’aise en anglais (il le prouvera aussi dans l’adaptation de Thomas Hardy, Loin de la foule déchaînée de Vinterberg), il s’affirme un peu plus comme l’un des grands noms incontournables quand il s’agit de prêter sa carapace virile à des rôles ténébreux, aussi signifiants dans le silence que dans les mots. Ses regards savent certainement exprimer autant que ses phrases.
Au final, en ces belles journées de printemps où l’on aspire à humer les effluves des jardins botaniques regorgeant de couleurs et d’essences de fleurs, Les Jardins du roi est fréquentable. Le plaisir n’est jamais inaccessible, tout ayant été étudié avec minutie pour séduire. Ceci dit, comme l’a démontré l’absence du film aux Oscars ou aux BAFTA, l’art de la formule, aussi bien manipulée soit-elle, ne rend jamais la visite essentielle. Le deuxième film d’Alan Rickman est donc un divertissement soigneux, taillé au cordeau, qui saura plaire à son public cible.
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