La méditation contemplative

« Quand le faux est vrai, le vrai est faux. Là où il n’y a rien, il y a tout. »
Le Rêve dans le Pavillon Rouge, Cao Xueqin

Méditer, ce n’est pas se couper du monde, sinon se relier à lui. Mais cela exige un travail régulier pour tout initié souhaitant atteindre progressivement l’état de pleine conscience. Pourtant, il est important de s’accorder un peu de répit dans cette ascension rigoureuse vers la sagesse. Et savoir tirer profit de la simplicité : rien de tel que la méditation contemplative pour apprécier profondément l’enchantement du monde qui nous entoure et communier avec les éléments qui le composent.

La méditation contemplative implique un instant de prise de recul, un moment de déconnection avec notre routine -quoi de mieux que les vacances ?!- et une reconnexion avec le corps et l’environnement. Mais attention, la grande difficulté de cet exercice est la confrontation avec l’afflue permanent de pensées, réflexions, idées… et autres sources de perturbations et afflictions mentales. Ce « bavardage irrépressible » -selon le terme employé par Christophe André dans son ouvrage Méditations– fini  toujours par nous rattraper, alors que l’on tente de s’en détourner pour apaiser notre psyché.

Pas de panique, cette étape fait partie prenante du chemin à arpenter. Qui plus est, elle est tout à fait normale, le vagabondage de la pensée étant un processus naturel habituel et souvent, à peine en sommes-nous conscients. Mais dans cette mesure, il n’est pas rare de se laisser berner par la dérive des pensées : prenez garde à ne pas négliger leur existence, pour ne pas la confondre avec la réalité. Il s’agit donc au préalable de s’efforcer à devenir un observateur passif de nos propres pensées, d’y porter un intérêt curieux mais critique, tout en maintenant un rapport neutre. Pas facile car à l’encontre de nos habitudes et de nos réflexes…

Une bonne occasion de se plier en douceur à un nouvel exercice grâce à la méditation contemplative, qui fait abstraction de tout sentiment négatif, préjugé ou ressentiment. Au contraire, elle invite à porter un regard optimiste,  bienveillant et plein de compassion sur ce qui nous entoure, ce qui nous arrive et sur nos aspirations profondes.

« Plus je médite, plus je me rends compte que cette distraction est un cadeau pour savoir comment fonctionne mon Esprit », témoigne Christophe André.

Or, le but de cet exercice consiste à expérimenter l’instant : être ici et maintenant. Vivre dans le présent, plus dans le passé (qui ressasse nombre de souvenirs, blessures, angoisses…) ni dans le futur (projection des projets, désirs, besoins…). Car c’est bien en se rattachant au  présent, à l’instant précis, que l’on va être en mesure de capter son insolent pouvoir attractif, juste et équilibré.

Alors profitez d’une escapade pour dédier une quinzaine de minutes à la pratique d’une séance de méditation contemplative : lors d’une promenade en montagne, d’une balade en bord de mer, d’un pic-nic dans un parc. Ou tout simplement chez vous, lorsque vous foulez l’herbe de votre jardin, en ouvrant vos fenêtres sur l’air frais matinal… Laissez-vous saisir par la lumière et les sons qui vous entourent, des odeurs qui parfument le cadre dans lequel vous pratiquez votre séance de méditation. Etendez-vous au soleil et sentez sa chaleur sur votre peau. La nuit, contemplez la voûte céleste et perdez-vous dans son infinie grandeur, sa sublime beauté pleine de mystère. Observez la nature et la vie qui vous environne, portez votre regard sur les détails qui passent inaperçus… La spiritualité est partout, il s’agit de savoir la saisir !

La sensation agréable de paix intérieure et de relâchement total qui naît de cette forme de contemplation provoque un élargissement de la Conscience. En se focalisant sur le moment présent, on parvient alors à relativiser le poids des souffrances, des douleurs et des afflictions passées ; on cesse de se projeter dans un futur potentiel incertain, avec sont lot de doutes et préoccupations qui nous affectent et nous accaparent. En fin de compte, on se rattache au présent, à l’instant même, au maintenant… On prend conscience de la Vie, de la Beauté de la Nature et surtout, de l’inestimable valeur des choses si futiles -ou si subtiles- du quotidien. L’aspect éphémère d’une situation, d’un contexte, d’une émotion, d’une sensation ne peut que se vivre une fois. Et au mieux se reproduire avec une intensité plus forte, pour une conscience éveillée.

Prenez soin de bien préparer votre séance de méditation grâce à quelques conseils pratiques :

• Assurez-vous de disposer d’un délai compris entre 10 et 20 minutes
• Installez-vous dans un endroit tranquille, où vous vous sentez à l’aise et en confiance
• Habillez-vous de vêtements confortables et pensez à vous prémunir du froid (chaussettes, plaid, gilet…) lorsque vous serez en état de relaxation physique et mentale
• Installez-vous sur un endroit plat, muni d’un tapis de sol ou d’un coussin, et trouvez une position confortable avant d’entamer l’exercice.
• Choisissez une posture confortable, assis, allongé ou en position du lotus. Pensez à garder la colonne vertébrale bien droite et alignée, afin de faciliter la respiration et le relâchement musculaire.
• Vous pouvez accompagner votre séance d’une ambiance musicale douce, ainsi que d’un parfum d’ambiance (encens, huiles essentielles, bougies parfumées…)

Comme le rappelle Sa Sainteté le DalaÏ Lama dans son ouvrage L’art du bonheur, « s’il n’est pas facile d’atteindre le bonheur authentique et durable, la chose est néanmoins possible. » Possible en s’imposant une certaine discipline intérieure, la pratique régulière et consciencieuse d’exercices progressifs de méditation, qui vont petit à petit transformer l’attitude, nos conceptions et la manière d’être. L’exercice de l’esprit rend réalisable la poursuite du bonheur. En ce sens, la méditation contemplative apporte son lot de convictions élémentaires : bienveillance, compassion, bonté et harmonie avec autrui et tout être vivant. Alors profitez de vos vacances pour vous autoriser une pause contemplative : bienvenu « ici et maintenant » !

Par Bambü