Les e-lovers se laissent porter par la vague

L’amour par écran interposé. Ces rencontres-là ne sont pas de la science-fiction. Un peu partout dans le monde, des liaisons naissent en ligne et ne se concrétisent parfois jamais. Des amants se parlent chaque jour, sans jamais s’être vus, s’aiment, sans jamais s’être touchés. Sur Internet, comme dans la rue ou dans un bar, on fait connaissance, on se parle, on se dispute… et on tombe amoureux. En 2012, 30 % des internautes français s’étaient déjà essayés aux sites de rencontres en ligne et, surtout, 22 % affirmaient qu’ils pourraient tomber amoureux de quelqu’un sans l’avoir vu. C’est le néoromantisme technologique, décrypte Pascal Lardellier.

Il y a un plaisir romantique évident dans le fait de s’écrire, de trouver les mots pour plaire. Au lieu de faire le choix de la vraie vie avec ses malentendus inévitables, on choisit une relation sublimée.

On perçoit l’autre à travers le prisme de ses propres fantasmes, on le voit tel qu’on le désire, explique Pascal Couderc, psychanalyste. On s’enferme dans la relation virtuelle pour échapper à ce qui pourrait nous déplaire chez l’autre. Mais on se coupe de toute une dimension de la relation. Que fait-on de la sexualité, pourtant au coeur du couple ? Où est le côté animal, physique, de l’amour ?

Un nouveau rapport au temps

Ces dernières années, les temps sociaux se sont considérablement restreints. Partout les rythmes se sont accélérés, contraignants chacun à la culture de l’immédiateté, réduisant les espaces de paroles et les moments de détente. Dans le même temps, l’avènement des nouveaux moyens de communication a profondément modifié les relations humaines en supprimant la nécessité du face à face. Nous sommes désormais tous joignables à n’importe quel moment et en n’importe quel lieu, au travers de nos téléphones et d’Internet.

La transformation de notre rapport au temps et la facilité avec laquelle nous pouvons désormais entamer et rompre une conversation, loin de se restreindre au champ de l’amical, envahit désormais les relations amoureuses, pourtant naturellement conditionnées à la rencontre physique et à des temps de découverte progressive de l’autre.

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Les amours virtuelles : une idéalisation renforcée

La rencontre amoureuse se traduit par une idéalisation de l’être aimé qui est perçu comme parfait, parfait pour soi. Cette phase, si elle est nécessaire et bien agréable, peut toutefois s’avérer un frein au développement d’un lien durable entre les deux partenaires.

Dans les premiers temps, l’espace amoureux n’est ni tout à fait réel, ni tout à fait imaginaire, il se situe au milieu, entre les ressentis et les résonances entre les deux inconscients. C’est l’entrée du couple dans la réalité quotidienne (ce que les psychologues nomment le principe de réalité) qui permet à chacun de se libérer de la fusion, de retrouver ses propres intérêts, de répondre à ses besoins, tout en construisant avec l’autre un espace commun fait de tendresse, de soutien et de compromis.

L’amour virtuel renforce obligatoirement la nature irréelle de la relation et risque ainsi de maintenir les partenaires dans une idéalisation de l’autre. Ce risque se trouve renforcé par l’effet d’image de soi que chacun peut transformer à sa guise par une simple modification de son profil.

La crise dans les amours virtuelles

La crise fait partie de la vie normale de la relation amoureuse, elle est d’ailleurs nécessaire à son dynamisme et reflète l’évolution du duo en parallèle de celui des partenaires. Elle permet au couple de se reconstruire, de se réinventer.

Les amours virtuelles sont avant tout synonymes de confort pour leurs adeptes. Tout d’abord par le choix du partenaire qui est présélectionné sur la base d’un certains nombres de critères, ensuite par la nature ‘temporaire’ de la relation qui n’existe finalement que durant les temps de connexion : une fois l’ordinateur éteint, la personne reprend seule le cours de sa vie. Dans ces circonstances, il semble bien difficile d’entrevoir les différentes phases de la crise, alors qu’il est si facile d’éteindre son ordinateur ou son téléphone plutôt que d’accepter des compromis.

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Angoisse de l’absence vs angoisse d’intrusion

Le couple, on le sait, est une protection contre la solitude, contre la crainte de devoir faire face seul(e) aux difficultés. Il est donc une tentative pour chacun d’entre nous, de retrouver le cadre bienveillant et sécurisant de la mère. Les amours virtuelles ne peuvent en aucun cas répondre à cette fonction et peuvent même, à l’inverse, provoquer une réactivation de l’angoisse de la perte et du vide (qui constitue l’une des deux angoisses fondamentales du Moi).

L’amour virtuel peut également représenter une garantie pour tous ceux qui perçoivent l’amour comme un danger pour leur bien-être et leur liberté. Certains souffrent en effet d’une perturbation du lien à l’autre et peuvent craindre d’être blessés, manipulés ou influencés par un éventuel partenaire (la crainte d’être influencé, c’est-à-dire la peur d’intrusion est la seconde angoisse fondamentale du Moi).

Pour ces personnes, la construction d’un amour virtuel peut apparaître comme une solution pertinente mais elle ne sera que le camouflage d’une problématique profonde qui devra être traitée pour envisager la construction d’une famille.

Les erreurs à éviter :

Ne pas confondre vitesse et précipitation.

Si on juge que la relation virtuelle qu’on  est insuffisante pour passer au réel,on a probablement raison. Si une crainte subsiste, on peut tout simplement la differer ! On peut toujours revenir en arrière, si l’on a donné son adresse mail trop tôt à quelqu’un qui se révèle un profil insistant, ou au contraire fuyant.

Après maints dialogues, connivences, une complicité s’est forcément nouée. Il est beaucoup plus « facile » de mettre sur un clavier ses problèmes, ses failles et ses contradictions. Il n’y a pas vraiment de censure…

Au réel, on trouve  forcément  plus de réserve. Ce n’est pas vraiment une fracture, mais un moment de gêne, d’hésitation, ou de flottement est à prévoir. Il ne doit pas  faire reculer !

On est maintenant dans la dimension vraie de l’ existence. Quelque part, on adésiré sortir du virtuel ! En face à face il va falloir assumer !

La bonne nouvelle :

Généralement cela se passe plutôt bien. Les entrevues catastrophiques  laisseront au mieux une excellente base pour un fou-rire rétrospectif !

Plus que jamais l’adage « qui ne tente rien n’a rien » est de mise quand on veut fortifier une relation virtuelle en relation véritable.

Pour les autres, la relation est devenue réalité. On a en face de soi, la vraie personne, celle qui nous a amusée, fait rêver,  dont on est tombé amoureux (se) ou que l’on se figure être parmi nos prochains amis à inviter à la maison, les soirs de pluie et les jours de fête !

Un autre point sensible est à considérer :

La relation virtuelle est à la base une relation à distance. Elle l’est souvent d’ailleurs géographiquement. Il faut être sûr de soi pour vouloir couvrir des kilomètres, s’engager par exemple dans une relation amoureuse suivie,  coûte en temps, en fatigue et en argent. Sans compter les états d’âme, les déchirements des adieux sur des quais de gare, la gestion là encore d’un planning surchargé et ce qu’il faut y sacrifier.

Pas mal de personnes y renoncent, par facilité certes. Par sagesse aussi.

D’autres, plus affirmés, ou simplement moins avisés, s’engageront dans une relation mouvementée, extraordinaire, passionnée, pleine de variations qui auront au moins le mérite de les renseigner sur leurs propres limites !

La confrontation à la réalité n’est presque jamais une mauvaise chose !

En globalité et pour résumer :  point trop n’en faut ! On a déjà des parents, pour la plupart, des enfants, des amis qui nous tiennent debout. Si on veut s’ ouvrir à d’autres expériences, pourquoi pas ? Mais toujours en ciblant le but et en gardant la tête froide vis à vis de ses intentions réelles !

La Vérité reste le chemin qu’on doit tous garder comme priorité, afin de  épanouir pleinement. Et cela signifie avant tout : être honnête envers soi-même.

Source : psychologie.com


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