Kevin Ceran Jerusalemy, la détermination d’un gagneur

Le va’a est un condensé de glisse, de vitesse, de puissance et d’endurance. Kevin Ceran Jerusalemy plusieurs fois champion et figure de proue de la discipline est un athlète accomplis !

On pourrait presque dire qu’il est né avec une rame dans la main puisque son père, lui-même champion de va’a, a commencé à l’entrainer dès sa petite enfance.

Assoiffé de victoire et  également  passionné pour son sport, il rejoint le rang des  jeunes champions polynésiens en gagnant la course de va’a  ho’e au Heiva et le Te Aito 2015.

Kevin  se confie à Moving Tahiti et vous livre quelques-uns de ses secrets de préparation, pour être en forme !

Moving Tahiti : Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Kevin Ceran Jerusalemy : Je m’appelle Kevin Ceran Jerusalemy, j’ai 22 ans et je suis originaire de Huahine. Je rame dans l’équipe de Shell Va’a.

M.T : Peux-tu nous présenter ton sport en quelques lignes et ce qui t’as poussé à le faire ?
K.C.J : Le va’a fait partie de ma culture ma’ohi. J’aime ce sport car nous le pratiquons dans un bel environnement : nos lagons sont magnifiques.  Affronter  l’océan, qu’il soit calme ou déchainé,  voilà ce qui me motive.

M.T : Tu es issu d’une famille de champions, à quel âge as-tu commencé à ramer et l’entrainement était-il intense dès le début ?
K.C.J : Je pratique la rame depuis l’âge de 8 ans. Mon père m’a poussé à faire ce sport car il est lui-même un grand champion. Les entrainements avec lui n’étaient pas toujours faciles, il était très sévère. J’avais 15 ans quand il a commencé à me coacher. On était debout dès 4 heures du matin et à 7h30 j’étais à l’école. En fin de journée les entrainements reprenaient durant  2 heures et je rentrais à la maison épuisé. Certain jour j’avais du mal à retenir mes larmes et je ne voulais vraiment pas aller ramer mais j’y étais obligé. Deux ans après je suis venu à Tahiti poursuivre mes études et j’ai continué les entrainements.

M.T : Quels sont les qualités physiques nécessaires pour pratiquer ce sport ? Et les qualités mentales ?
K.C.J : Il faut être polyvalent c’est-à-dire puissant, endurant et technique. Le plus important c’est de bien connaitre la technique de rame. C’est un sport qui demande puissance et endurance en alternance, nous devons gérer et maitriser l’effort sans jamais  rien relâcher.

M.T : Quels sont les mois les plus importants en terme de volume d’entraînement ?
K.C.J : En début de saison c’est-à-dire dès le mois de Février, les entrainements sont très intenses. Il faut remettre la « machine » en route. Ensuite, tout le reste de l’année nous essayons de maintenir un bon niveau et de rester en forme.

M.T : Fais-tu beaucoup de musculation ? Si oui peux-tu nous décrire les méthodes les plus utilisées ?
K.C.J : On pratique la musculation 3 fois par semaine et on travaille le développer-coucher, la poulie entre autres. Personnellement je fais surtout des tirages pour développer les dorsaux.

M.T : Combien d’heures passes-tu sur l’eau (par jour  ou  par semaine) ?
K.C.J : Je m’entraine avec mon club une grande partie de l’année à raison de 4 heures de rame par jour. Dans la semaine : 2h tôt le matin et 2h en fin de journée et le samedi 4 h. Je m’entraine aussi individuellement selon ma forme.

M.T : Peux-tu nous livrer ton entraînement un mois avant une course ?
K.C.J : Un mois avant une course, les entrainements sont plus intenses dans le sens ou nous travaillons plus en force et en technique. Durant 3 semaines nous ramons  1h le matin et 1h le midi puis 1h30 en fin de journée. La dernière semaine nous ralentissons le rythme pour la récupération et nous nous entrainons  1h30 par jour.

M.T : Comment tu te sens juste après une performance de haut niveau, dans quel état physique et émotionnel ?
K.C.J : Je ressens de la fierté et aussi la satisfaction de voir que mes sacrifices sont bénéfiques. Lorsque je remporte une course, la joie et l’excitation du moment me font oublier la fatigue.

M.T : Et ton état d’esprit 10 min avant ton départ ? Sur quoi te concentres-tu durant la course ?
K.C.J : Avant une compétition et sur la ligne de départ je reste concentré, je réfléchis a la manière dont je vais gérer la course, selon le temps, la distance, les adversaires etc…et surtout je reste le plus calme possible.

M.T : Quels sont tes points forts et tes faiblesses ? Que vas-tu bosser en priorité pour les prochaines  compétitions ?
K.C.J :  Je suis un rameur polyvalent : je dirais que je suis « moyen » dans le surf, « moyen » sur une mer calme et « moyen » face au vent… Mes points faibles ? Vous ne sauriez rien… Hahahaha !

Je vais travailler l’endurance car la prochaine compétition est le Super Aito qui se déroulera sur une journée et en deux étapes.

M.T : Est-ce que le poids est une priorité dans ce sport (le poids du corps, le poids du matériel…) si oui, fais- tu un régime alimentaire particulier en prévision de ta saison et sur quelle marque de pirogue tu rames ?
K.CJ: En ce qui me concerne le poids n’a pas d’importance puisque je pèse 100 kg . Par contre le poids de la pirogue est primordial …elle doit être très légère : 8 à 12 kg. Elles sont faites en carbone sous vide, un matériel très solide avec une excellente flottaison.

M.T : Tu es un « enfant des îles » ; comment t’adaptes tu à la vie à Tahiti ? L’éloignement avec ta famille n’est-il pas difficile ?
K.C.J : J’ai mis du temps à m’adapter à Tahiti à cause de la pollution : l’état de la mer n’est pas la même qu’à Huahine et l’air que l’on respire est différent. Mais au fil des années je m’y suis fait.

C’est également très difficile de quitter ses  parents, de vivre loin de sa famille et de ne les voir qu’une seule fois par an… Je ne m’y fais pas. C’est difficile mais je dois vivre avec ce manque.

M.T : As-tu un conseil ou une remarque à donner aux jeunes qui souhaitent se lancer dans ton sport?
K.C.J : J’encourage vraiment les jeunes à se lancer dans le va’a d’abord parce que cela fait partie de notre culture – la relation à la mer  etc – et aussi parce que c’est un sport qui allie esthétisme et puissance physique . ..c’est un beau sport.

M.T : Quels sont tes projets d’avenir ?
K.C.J : J’aimerai construire ma propre maison et commencer à faire une petite famille.

Crédit photos : Va’a News


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